Medtech : la très bonne santé de l’innovation !
Bien représentées sur le territoire, les technologies de santé sont en pleine expansion, grâce à une stratégie continue d’innovation. Elles visent à répondre à des enjeux majeurs de santé publique. Focus sur l’ADN de cet écosystème.
Voilà près de 20 ans maintenant que les acteurs du territoire se sont impliqués dans cette filière qui connaît une belle croissance au niveau mondial, évaluée à +10 % par an. L’innovation dans les technologies de santé répond en effet à un double enjeu. Sociétal, d’abord, afin de faire face au vieillissement de la population, puis économique, dans le but de maîtriser les dépenses de santé. Et ce tout particulièrement dans des secteurs clés : le diagnostic, l’amélioration des traitements et des techniques interventionnelles, la télémédecine et l’e-santé, le maintien à domicile, etc.
Grenoble, au cœur de la chirurgie high-tech
La filière grenobloise des Medtechs connaît de belles réussites, en particulier dans le secteur de la chirurgie assistée par ordinateur. “Il existe une vingtaine d’entreprises grenobloises sur ce secteur, dont la plupart sont connues à l’international. Et à leurs côtés cohabitent de plus en plus d’acteurs de pointe, laboratoires de recherche, établissements hospitaliers et autres structures qui les accompagnent dans leurs projets d’innovation”, confirme Stéphane Lavallée, président de BizMedTech, l’accélérateur dédié. La région peut ainsi compter sur des entreprises “successfull” telles que Surgivisio (imagerie 3D du bloc opératoire), Imactis (radiologie interventionnelle sous scanner), lauréate du concours mondial de l’innovation 2014, ou Blue Ortho (navigation chirurgicale orthopédique). La clinique des Cèdres d'Échirolles dispose quant à elle des premiers blocs opératoires de France équipés de la technologie de cœlioscopie sous vidéo 3D.
Le milieu bien vivant des entreprises
Les technologies de santé sont représentées sur le territoire par une centaine d’entreprises et près de
11 000 emplois (+30 % en 15 ans). Cinq grands groupes rassemblent à eux seuls la moitié des effectifs de la filière : BD, Roche Diagnostics, Fresenius Kabi, Medtronic, Biomérieux. Deux ETI, Tornier et Trixell, créées sur la région grenobloise, en sont devenues des leaders mondiaux. Mais la région compte également plus de 40 PME et une cinquantaine de TPE, dont 40 start-up. Deux d’entre elles se sont lancées dans l’un des secteurs à fort enjeu, le diagnostic. Pixyl (8 salariés, Montbonnot-Saint-Martin) propose un logiciel très prometteur dédié au diagnostic neurologique. Cette jeune start-up a effectué en 2016 deux levées de fonds pour un montant total de 600 k€ afin d’accélérer son activité commerciale en Europe et de poursuivre ses efforts de R&D. Avalun (CA 2016 : 460 k€, 18 salariés, Grenoble) a mis au point un dispositif portable et communicant de diagnostic in vitro qui sera commercialisé dès cette année. Autre secteur à très fort potentiel, la médecine régénérative. Un domaine dans lequel l’entreprise Microlight3D (3 salariés, La Tronche), créée en janvier dernier, vient de s’illustrer. Elle a en effet été élue lauréat 2017 du trophée de l’innovation Medi’Nov. Sa technologie est issue de dix années de recherche des laboratoires de l’Université Grenoble Alpes. “Nous avons mis au point une imprimante 3D de très haute précision qui permet d’écrire dans des matériaux biologiques, tels que le collagène ou les protéines. Nous sommes ainsi capables de fabriquer des microsquelettes de collagènes qui feront croître des cellules dans un environnement 3D”, explique Denis Barbier, CEO de la société. Une révolution 3D pour la médecine personnalisée et régénérative. Microlight3D ne compte qu’un concurrent à travers le monde. “Mais nous proposons une technologie beaucoup plus fine en termes de résolution et de vitesse.” Quant à l’entreprise Stiplastics (CA 2016 : 19,2 M€, 90 salariés, Saint-Marcellin), spécialisée dans le packaging pharmaceutique et les dispositifs médicaux innovants, elle mise ces dernières années sur les systèmes d’observance connectée, c’est-à-dire la précision dans la prise des médicaments prescrits. Pour son PDG, Jérôme Empereur, il s’agit là d’un domaine à fort enjeu de santé publique. L’entreprise vient d’être élue lauréate 2016 du Trophée Présences Santé remis lors de la Nuit de l’économie.
Un biotope “Medtechs”
Aux côtés de ces entreprises innovantes, c’est tout un environnement autour des technologies de la santé qui s’est développé. Microlight3D a assuré sa maturation grâce à l’incubateur grenoblois Linksium. Elle est hébergée à Biopolis, pépinière et hôtel d’entreprises de l’université Joseph-Fourier, qui accueille près de 20 entreprises et deux associations dédiées aux activités de biotechnologies et technologies pour la santé. C’est aussi le cas depuis peu pour la jeune société Hemosquid, qui développe des dispositifs médicaux permettant de stopper les hémorragies sévères en quelques secondes. “Nous avons aussi la chance d’avoir depuis la fin des années cinquante une communauté médicale dynamique, rassemblant toutes les composantes du secteur. Elle a été une locomotive pour la création d’une vraie filière. Notre atout, c’est d’avoir des entreprises leaders et un secteur recherche-formation très porteur”, confirme Vincent Tempelaere, président de Medic@lps, cluster des technologies de la santé Grenoble-Isère. Créée en 2000, cette association regroupe une centaine d’adhérents. Depuis avril dernier, Medic@lps est partenaire associé de l’initiative européenne EIT Health France, l’une des communautés de la connaissance et de l’innovation (KIC) autour du thème de la santé et du vieillissement actif. Un véritable “booster” européen de l’innovation.
La culture des fonds publics
Cette filière est également portée par des projets financés par des fonds publics, tant sur le plan national, régional (pôle de compétitivité Lyonbiopôle, cluster I-Care…) que local. Sur le territoire grenoblois, ces investissements ont appuyé les actions de Medic@lps, du centre de recherche biomédicale Clinatec (de la création de dispositifs biomédicaux innovants au traitement des malades), du pôle régional d’innovation en micro et nanotechnologies appliqué aux sciences du vivant, NanoBio, ou encore de l’association Tasda(Technopôle Alpes, santé à domicile et autonomie). Et prochainement, deux autres structures vont venir compléter ce panel : le CReSI, centre de recherche en santé intégrative, porté par l’Université Grenoble Alpes, et la Cité des technologies médicales, à l’initiative du CHU Grenoble Alpes. La région grenobloise tend bien à devenir un centre de référence dans le secteur des Medtechs. Elle devient aussi régulièrement le centre névralgique d’acteurs majeurs du domaine. Grenoble accueille ainsi les 28 et 29 juin, MedFIT 2017, la première convention internationale d’affaires dédiée aux partenariats d’innovation dans le secteur des technologies médicales. Et les organisateurs de Med’Inov Connection, rencontres d’affaires européennes des acteurs de la fabrication et la conception d’équipements médicaux, ont à nouveau choisi Grenoble pour leur édition 2018.
B. Merle
Chiffres clés de la filière Medtechs sur le territoire grenoblois
• 10 900 emplois, dont 8 600 dans les entreprises et 2 300 dans la recherche publique
• 66 % de l’emploi du geste médical assisté par ordinateur en France
• 33 start-up de biotechnologies créées en 10 ans
• 9 000 étudiants
• 13 projets grenoblois récompensés par le Concours mondial de l’innovation
• 200 équipes dans la recherche publique (entre 2000 et 2015, le nombre des entreprises a plus que doublé et 3 200 emplois ont été créés, dont 1 200 emplois dans le seul secteur de l’équipement médicalet instrumentation)
Source : AEPI – Medic@lps 2017
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