Primo1D, fil d’ariane du textile
La société a mis au point une technologie unique au monde de tags RFID adaptés aux enjeux de la filière textile. Ses dernières levées de fonds lui permettent d’envisager un large passage à l’échelle, pour une production de masse.
Informer et certifier la provenance des textiles via un passeport numérique, et systématiser le recours à l’économie circulaire dans cette industrie, l’une des plus émettrices en gaz à effet de serre… Telles sont quelques-unes des ruptures introduites par le Pacte Vert européen, adopté entre 2020 et 2023, pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Voilà de quoi apporter de solides arguments à la rupture technologique introduite dès les années 2010 par Primo1D ! À l’origine, la société essaimée du CEA a conçu une technologie RFID embarquée, suffisamment miniaturisée, souple, robuste et performante, pour être intégrée à un fil entrant dans la fabrication de multiples produits, qu’il s’agisse de textiles, cordes, câbles électriques, ou même pneumatiques. L’enjeu ? rendre ces produits communicants pour authentifier et suivre leur cycle de vie. L’entreprise, née en 2013, s’est d’abord focalisée jusqu’en 2017 sur la R&D et le prototypage, avant de travailler à l’intégration dans l’environnement des clients entre 2017 et 2020, puis de démarrer sa première ligne de production, en 2021. Une étape qui a coïncidé avec son départ des locaux du CEA, à Minatec, pour emménager dans ses propres murs, rue des Berges à Grenoble. Plusieurs levées de fonds et des partenariats avec de grands industriels ont permis de financer les phases d’amorçage (3 M€ en 2014), de prototypage et qualification industrielle (6 M€ en 2018). En 2021, Primo 1D a levé 15 M€ pour passer à l’échelle industrielle, avec un soutien de 2 M€ apporté par le plan France Relance en 2022.
Faciliter les marchés de la seconde main
Emmanuel Arène, ancien directeur des opérations de Soitec et Pdg de Primo 1D, a fait dès le début partie de l’aventure. « Au démarrage, les technologies RFID étaient plutôt destinées à des usages de traçabilité. A présent suffisamment robustes, les tags peuvent supporter jusqu'à... 200 cycles de lavage/repassage et toute forme de traitement, ils ont d’abord été insérés dans les draps d’hôtels, d’hôpitaux, les uniformes ou les vêtements professionnels, pour suivre les opérations d’entretiens dans les blanchisseries professionnelles. Mais le Pacte Vert européen vient donner une impulsion déterminante à la réutilisation des textiles. Dans ce contexte, nos tags RFID attestent par exemple de l’éco-conception et de l’origine des matières, facilitent le tri et le recyclage grâce aux données de composition des tissus stockées dans le cloud jusqu’en fin de vie du produit ». Des champions du textile comme Decathlon, engagés dans l’éco-conception et le recyclage, ont ainsi engagé en 2023 un partenariat avec Primo1D. « Plus largement, plusieurs grandes marques du textile s’engagent dans la location d’articles ou la seconde main. Une étude de Bpifrance en 2021 a estimé à 34 Md$ le marché de la mode d’occasion. Ce sont des usages essentiels pour réduire l’impact sur l’environnement du textile, qui nécessiteront de s’appuyer sur nos technologies pour assurer un tri performant et digitaliser les process ». Moins de 15% des textiles seraient aujourd’hui recyclés et réutilisés. Primo1D se prépare pour être en capacité de produire, demain, des millions de tags RFID par an.
E. Ballery
Infos clés
- Conception, production d’étiquettes RFID miniaturisées intégrées dans un fil
- Effectif : 25, une centaine d’ici 2025
A savoir
- L’impact carbone d’un tag RFID embarqué Primo1D est de 9 g équivalent en CO2, contre 9 kg pour un tee-shirt, soit 1000 fois plus !
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