ILL : un investissement de 1 Md€ sur 10 ans
Premier centre mondial en science et technologies neutroniques, l’Institut Laue Langevin (ILL), situé sur la presqu’île scientifique, fête cette année ses 50 ans. Et l’aventure se poursuit avec le renouvellement du soutien des gouvernements de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni à hauteur de 1 Md€ pour les dix prochaines années.
Années soixante : la France et l’Allemagne s’associent pour créer un centre de production de neutrons unique au monde. Les deux pays seront rejoints en 1974 par le Royaume-Uni. Après quatre ans de travaux, l’ILL démarre officiellement son réacteur en 1971. Une prouesse technologique pour l’époque ! Ce réacteur fournit des faisceaux intenses de neutrons qui permettent d’étudier la matière de façon non destructive.
Chaque année, près de 1 500 utilisateurs du monde entier bénéficient des instruments de l’ILL. Au total, ils génèrent entre 650 et 800 expériences. « L’attractivité de notre centre est telle que nous recevons trois fois plus de demandes que de temps de faisceaux que nous pouvons offrir, explique Jérôme Estrade, chef du réacteur et directeur adjoint français. Un comité se réunit ainsi deux fois par an pour sélectionner les projets d’expériences. »
Dirigé par Paul Langan, en poste depuis le 1er octobre dernier, l’Institut Laue Langevin compte 500 collaborateurs, dont 150 salariés pour la division technique et 220 pour la partie scientifique.
Des domaines d’innovation multiples
Contrairement à ses débuts, l’ILL n’est plus uniquement tourné vers la recherche fondamentale. Désormais, la moitié des expériences concernent la recherche appliquée. Et les domaines d’études sont extrêmement vastes : matériaux, pharmaceutique, biologie, énergie, aéronautique, automobile…
L’an passé, l’ILL a contribué à la lutte contre le Covid-19 en réalisant de nouvelles découvertes sur la façon dont le virus s’attaquait aux cellules. « De manière générale, cela fait 15 ans que nous travaillons sur les virus et les membranes cellulaires, explique Jacques Jestin, chef de la division science de l’ILL. Nous menons également d’importants programmes de recherche sur les nouvelles énergies, notamment sur les batteries. Les neutrons sont capables de fournir des informations très précises et uniques et permettent ainsi de concevoir les matériaux de demain. »
Un vaste programme de rénovation
Sur un budget de fonctionnement annuel de 100 M€, l’ILL en consacre en moyenne 10 à 15 % aux investissements. Ceux-ci se répartissent entre la rénovation des instruments, l’amélioration des performances et les travaux de mise en sûreté du réacteur.
Actuellement, celui-ci est en arrêt pour une période de 14 mois jusque fin 2022/début 2023. Objectif : moderniser les quelque 40 instruments d’expérimentation. Un investissement d’un montant de 60 M€. Deux autres arrêts, de huit et quatre mois, sont d’ores et déjà programmés en 2023 et 2025, notamment dans l’optique d’améliorer toujours davantage la sécurité.
« La réglementation évolue en permanence, explique Stéphane Pierrard, adjoint au chef du réacteur. Suite à l’accident nucléaire de Fukushima, par exemple, nous avons dû accroître la sûreté de notre réacteur. L’ILL doit plus que jamais prendre en compte la survenue de phénomènes extrêmes. »
Pour poursuivre les programmes de recherche, la modernisation des équipements, et continuer à faire de l’ILL le leader mondial dans son domaine, les trois pays associés, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, ont renouvelé leur soutien et octroyé au centre une enveloppe d’un milliard d’euros pour les dix prochaines années. La recherche neutronique à Grenoble n’a pas fini de faire parler d’elle !
F. Combier
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