Conjoncture : retour à la normale espéré pour fin 2024

Dans un contexte national où un retour à des valeurs d’avant-Covid est espéré pour la fin 2024, la région Auvergne-Rhône-Alpes semble suivre les mêmes courbes : une année 2023 qui avait bien démarré avant de marquer un ralentissement pour finir proche de la récession. Pour 2024, c’est l’inverse qui se profile : après une croissance quasi nulle en début d’année, un rebond est espéré au second semestre, s’accompagnant d’un recul de l’inflation.

L’emploi ressort gagnant

La Banque de France a présenté en février les résultats de son étude annuelle, menée en Auvergne-Rhône-Alpes en 2023 et à laquelle 4 200 entreprises ont répondu. Dans cette étude, la Banque de France en Auvergne-Rhône-Alpes a tenu compte de quatre indicateurs significatifs : chiffres d’affaires, commandes, effectifs et investissements qui apportent « un éclairage, une tendance et non une étude exhaustive », tient à préciser le directeur départemental de la Banque de France en Isère, Olivier Danès.

L’échantillon des 4 200 entreprises interrogées concerne les secteurs de l’industrie, de la construction et des services, qui représentent respectivement 46 %, 23 % et 15 % des emplois dans la région. Les TPE ne sont pas représentées. L’élément très positif qui ressort de cette étude, tous secteurs confondus : l’emploi. Une progression (+5 % dans les services marchands) qualifiée de « remarquable » par Olivier Danès car défiant des prévisions plutôt sceptiques en raison des difficultés de recrutement habituellement évoquées par de nombreux secteurs d’activité.

Fortes disparités dans l’industrie

L’industrie, qui représente 17 % des emplois de la région Auvergne-Rhône-Alpes, affiche d’importantes disparités selon les secteurs. Son chiffre d’affaires est en augmentation de 2,2 %, soit 3 points de moins que les prévisions annoncées par les chefs d’entreprise pour 2023.

Les secteurs de la chimie et du bois-papier-imprimerie, qui avaient affiché une belle progression en 2022, accusent un sérieux recul en 2023 : 20 % pour la chimie, victime d’une concurrence très agressive de la Chine. Le bois-papier-imprimerie accuse un repli de 15%. Le secteur le plus florissant reste la fabrication de produits informatiques-électroniques-optiques, dopé par l’investissement de 7,5 milliards d’euros de STMicroelectronics dans son nouveau site à Crolles. « Dans la construction, l’activité est restée la plus stable si l’on compare aux autres secteurs, avec un pic fin 2022 et une situation globale fin 2023 qui reste positive », rapporte Olivier Danès. Si la baisse a été marquée pour le gros œuvre et les travaux publics avec une baisse des carnets de commandes fin 2023 début 2024, le second œuvre résiste bien et augmente ses effectifs.

Embellie du tourisme dans les services marchands

Les services marchands en Auvergne-Rhône-Alpes restent dynamiques, avec une progression de 5 % de leur chiffre d’affaires en 2023. L’enquête de la Banque de France souligne une progression de l’hôtellerie-restauration de 6 % grâce à une bonne saison touristique et en dépit de difficultés de recrutement qui perdurent.

Prévisions 2024

Dans l’ensemble, l’année 2024 s’annonce mitigée, avec davantage de disparités pour l’industrie et des carnets de commande en berne dans le bâtiment. Une tendance compensée par une hausse des effectifs, avec +5 % de perspectives d’embauches en CDI dans la région, y compris dans la construction. Les services marchands verraient aussi leur activité à la hausse (+7 %). « L’effet prix sera moindre en 2024 en raison d’une inflation plus modérée mais continuera d’avoir un effet négatif, car les prix seront dans l’ensemble supérieurs à ceux de 2023. » Le recul de l’inflation devrait se poursuivre pour se rapprocher de 2 % à la fin de l’année, revenant ainsi à une valeur saine, synonyme également de détente des taux d’intérêt.

A. Fourney