Relance américaine : un plan de soutien ambitieux aux effets contrastés
Validé par le Congrès, le plan de soutien américain à l’économie, d’un montant de 1 900 Md$, vient s’ajouter aux 3 100 Md€ des plans anti-Covid déployés depuis un an. Si Républicains et Démocrates ne sont pas en phase sur tout, notamment la définition des dépenses prioritaires, ils s’accordent sur un point : l’ambition des mesures et des actions à mettre en œuvre. Ce consensus vise à ne pas reproduire le soutien jugé insuffisant en 2008.
Retour en force de la politique conjoncturelle
Les politiques dites conjoncturelles consistent à soutenir l’économie en actionnant les politiques budgétaire et monétaire. Promues par Keynes et largement mobilisées au siècle dernier, ces politiques l’étaient beaucoup moins ces dernières années, en particulier en Europe. Moins « oubliées » outre-Atlantique, elles se révélaient plus modestes, marquées par une mobilisation de la politique monétaire (dite accommodante) et une certaine rigueur budgétaire (certes relative). Les crises sanitaire et économique depuis un an ont changé la donne. Le levier budgétaire est désormais activé pour soutenir et relancer l’activité. Le nouveau plan de 1 900 Md$ représente pas moins de 10 % du PIB américain attendu en 2021. La majorité des économistes s’accordent à estimer qu’il aura pour effet d’augmenter de 3 à 4 points la croissance américaine (qui devrait s’établir à 6,5 %). Au-delà, il se concrétise par un soutien massif aux revenus des ménages et à la relance de la consommation. La volonté est également de contribuer à réduire la pauvreté de millions d’enfants et de recréer 7 millions d’emplois. Rien d’étonnant que plus de 70 % des Américains approuvent un plan de relance qui réconcilie la nation sur un sujet au moins.
Des effets directs et indirects, surtout à court terme
Si des effets directs sont attendus aux États-Unis, de nombreux effets indirects le sont aussi chez leurs partenaires commerciaux. Le Mexique et le Canada devraient être les premiers bénéficiaires d’un surcroît d’activité. Le reste du monde est également concerné, avec « des retombées positives pour la croissance mondiale » selon le FMI. Des impacts devraient aussi se faire ressentir en Europe où, rappelons-le, le plan de relance de 750 Md€ tarde à entrer en action. D’autres effets du plan de relance revêtent, dans l’ambition même du dispositif, un caractère plus délétère. L’incidence sur le marché des changes est déjà visible, avec une appréciation du dollar qui peut mettre en difficulté des pays émergents. Le retour possible de l’inflation et la montée des taux d’intérêt pourraient également faire évoluer la politique monétaire, qui deviendrait moins expansionniste. La perte du levier monétaire viendrait réduire la portée des actions sur le levier budgétaire. Enfin, si un tel plan remet en cause la perspective d’une économie du triple zéro (zéro croissance, zéro inflation et taux zéro), des tendances plus structurelles associées à la lutte contre le changement climatique, au vieillissement de la population ou à la réduction de la consommation plaident en faveur d’un effet limité dans le temps. Les taux de croissance évoqués refléteraient alors davantage un rattrapage à court terme que des perspectives nouvelles à long terme, en dépit du très attendu plan d’investissement à venir dans les infrastructures.
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