Pôles économiques : une attractivité soutenue
La dynamique de la demande est-elle toujours au rendez-vous dans les zones d’activités ? Comment les projets d’aménagement structurent-ils l’offre pour les années à venir, et quelles sont les évolutions des zones existantes ?
Le choix de l’entreprise Aledia de construire son usine de production (52 000 m2) sur la zone industrielle du Saut-du-Moine, à Champagnier, montre la capacité du territoire métropolitain à capter la dynamique économique. Ce spin-off du CEA-Leti, qui emploie déjà plus de 120 personnes et projette de dépasser les 500 emplois en 4 ans, avait hésité à s’implanter dans la région PACA pour y fabriquer ses LED révolutionnaires. C’était compter sans les efforts conjugués de Grenoble-Alpes Métropole et de la Région pour garantir ensemble 12 M€ d’emprunts de la start-up (coût total du projet : 140 M€). La proximité avec son site de R&D, récemment inauguré à Échirolles, a aussi joué en faveur du maintien d’Aledia dans l’agglomération grenobloise. Inoccupée depuis 2006, la zone industrielle du Saut-du-Moine avait été entièrement dépolluée et réaménagée pour accueillir des entreprises industrielles en développement. Ce fut le cas, avant Aledia, de l’installation de SDCEM sur ces terrains de près de 12 hectares, bien connectés aux infrastructures routières. Ce redéploiement économique par le sud du territoire métropolitain correspond à une volonté de rééquilibrage exprimée par les élus. C’est ici que se dessinent aujourd’hui des perspectives majeures pour l’activité industrielle locale. La Métropole de Grenoble a identifié sur ce secteur un projet économique et urbain de 250 hectares dédiés aux activités productives, pour des filières de spécialités : énergies, chimie-environnement, mécanique… Entre la zone des Îles de Pont-de-Claix et la plateforme chimique de Jarrie, déjà forte de plus de 2 000 emplois, ce Parc industriel sud propose 60 hectares d’opportunités foncières, avec de nombreuses disponibilités dès l’année prochaine, notamment sur le pôle des Papeteries de Pont-de-Claix.
"GrandAlpe va totalement modifier le visage du sud grenoblois"
GrandAlpe, nouveau levier pour l’activité économique
Non loin de là, GrandAlpe va totalement modifier le visage du sud grenoblois. Ce secteur de 400 hectares, à cheval sur les trois communes d’Échirolles, Eybens et Grenoble, constitue l’une des quatre polarités urbaines à développer, confirmées par le PLUI en 2019, au même titre que la Presqu’Île-Porte du Vercors, le centre-ville historique de Grenoble et l’espace situé entre le CHU et Inovallée. Articulant habitat et espaces économiques productifs et tertiaires sur une trame “ville-parc”, GrandAlpe voit déjà s’échafauder deux grands projets : les constructions du laboratoire d’IA d’Atos, qui va rassembler par ailleurs sur un tiers de son tènement l’ensemble de ses services (livraison fin 2021), ainsi que du nouveau siège social et du centre d’innovation d’Artelia (permis de construire déposés), en bordure de rocade. “Ce secteur est d’autant plus attractif pour les salariés qu’il sera équipé d’ici 2025 d’une gare en lien avec le développement d’un RER métropolitain et de pistes cyclables connectées au réseau Chrono-vélo”, explique-t-on à la Métropole de Grenoble. La restructuration du centre commercial Grand’Place et la requalification complète d’Alpexpo figurent aussi parmi les prochains grands chantiers du secteur. Tout comme la réorientation des 10 hectares de la friche Allibert (les études pour les travaux d’aménagement sont lancées) et la réhabilitation de cinq bâtiments du site de GE (ex-Alstom Hydro), comprenant 15 000 m2 d’activités et 5 000 m2 de bureaux, deux opérations menées par 6e Sens Immobilier.
La Presqu'Île, résolument motrice
Ce groupe de promotion lyonnais est déjà à la manœuvre sur le nouveau siège de la Caisse d’Epargne Rhône Alpes, sur l’espace économique de Bouchayer-Viallet. Labellisé HQE, ce bâtiment de 5 500 m2 accueillera l’an prochain 460 collaborateurs sous ses toitures végétalisées. Le groupe bancaire inaugurera le bâtiment début 2021. Ce pôle en continuité sud de la Presqu’Île s’est enrichi au printemps de l’immeuble Émeraude (2 900 m2 en R+3), construit par Bouygues Immobilier et développé par WiseAM. Certifié BREEAM Very Good pour ses qualités environnementales renforcées, il est destiné à abriter le siège social du groupe Tessi, en cours d’installation. Bientôt complet, l’espace Bouchayer-Viallet peut encore accueillir 18 500 m2 de bureaux le long de l’A480 en cours d’élargissement. Sur la Presqu’Île plus au nord, la dynamique bâtisseuse est toujours aussi marquée. Spécialement autour de la place Nelson-Mandela : après la livraison en début d’année des plateaux collaboratifs de Y.Spot Labs (maître d’ouvrage : CEA), 2021 verra l’ouverture d’Y.Spot Partners. Porté par le Crédit Agricole et la Caisse des Dépôts, et développé par Eiffage, le projet comporte 5 000 m2 d’immobilier tertiaire (huit plateaux divisibles de six à huit lots), un village de start-up de 2 500 m2, un restaurant, un espace événementiel… Rue Félix-Esclangon, le programme Spring propose quant à lui 10 500 m2 de bureaux en R+6, avec jardin potager, brasserie et coworking. Prévue en 2022, sa livraison précédera de quelques mois l’ouverture de People Connect, un ensemble incluant un hôtel Radisson 4 étoiles d’une centaine de chambres, des bureaux connectés et un “sport city center” (avec pôle sportif et bien-être, restauration, coliving, conciergerie…). D’après l’aménageur Innovia, il reste encore 50 000 m2 disponibles au tertiaire et au coliving sur la Presqu'Île : de quoi aiguiser l’imagination des constructeurs et faire rêver quelques entreprises…
"La dynamique bâtisseuse est toujours aussi marquée sur la Presqu'Île"
Pleine santé pour le high-tech
La dynamique métropolitaine se renforce aussi au nord-est du territoire, où une série de projets veulent consolider l’identité numérique et santé du tissu économique. Ainsi, autour du CHU Grenoble Alpes où s’élèvera d’ici 2023 un nouveau plateau d’urgence de 12 000 m2 (coût : 60 M€), la Métropole a imaginé la réalisation d’un quartier santé à rayonnement international. Objectif : accueillir des entreprises biotech et medtech à travers une offre immobilière et de services dédiée, sur une huitaine d’hectares restant à transformer. Une première pierre consistera en la construction prochaine à La Tronche de l’hôtel d’activités du Centre de recherche en santé intégrative (Cresi), d’une superficie de 2 700 m2. La technopole Inovallée, qui abrite le nouveau siège de Roche Diagnostics France, poursuit quant à elle sa mutation en pôle à usages mixtes densifié. À Meylan, le projet-phare Arteparc est en cours de réalisation, sur l’ancien site de Schneider Electric à l’entrée centrale du chemin du Vieux-Chêne : 30 000 m2 répartis entre bureaux (20 000 m2), activités de recherche et labos (7 500 m2), et services comprenant coworking, restaurant interentreprises, crèche, salle de sports et conciergerie. Le tout connecté à l’A49, à moins de100 mètres. “Le groupe Artea Promotion, qui porte le projet, a réalisé une opération similaire à Lille, qui fonctionne à merveille”, explique Laurence Gallois, consultante bureaux chez Arthur Loyd à Grenoble, conseiller exclusif d’Arteparc. La première tranche, déjà entièrement commercialisée, sera disponible mi-2022. Toujours à Meylan, enfin, l’autre ancien tènement de Schneider Electric, le site Paul-Louis Merlin, prolonge sa transformation avec la construction en cours d’un deuxième bâtiment tertiaire près de la tour de bureaux Signal, pour offrir au total plus de 10 000 m2 de bureaux.
R. Gonzalez
"La technopole Inovallée poursuit sa mutation"
Où s’installer au nord de l’agglomération grenobloise ?
Au nord de la ville-centre et de la métropole, les possibilités d’implantation se disséminent. Vence Ecoparc, à Saint-Égrève, avait très vite trouvé son public, séduit par son identité environnementale et sa visibilité depuis l’A48. Il reste ici à peine 3 000 m2 de surface à bâtir. Une petite zone mixte, au nord-ouest du parc d’Oxford, Les Sagnes à Saint-Martin-le-Vinoux, pourrait accueillir à partir de 2023 des activités productives et technologiques, sur près de 4 hectares. L’espace économique Porte de Chartreuse (ex-Etamat), où ARaymond a construit deux nouvelles usines, propose encore 2,7 hectares aux activités industrielles et productives. À Sassenage, la petite zone Hyparc offre 9 000 m2 de foncier immédiatement disponible, à proximité directe du site d’Air Liquide, qui prépare la construction d’un campus industriel et tertiaire de 1 500 m2 au sein d’un parc paysager (livraison 2021). À Veurey-Voroize, la zone d’activités productives d’Actipole, pratiquement saturée (le PPRI empêche pour l’instant son extension), voit se libérer près de 10 hectares suite à la disparition de Sintertech. Toujours très prisé pour sa situation stratégique, l’espace économique de Centr’Alp, géré par le Pays voironnais, continue d’étoffer son offre en direction des entreprises de production. Le promoteur et maître d’œuvre Ferrier Associés y a récemment réalisé Mira 1 et 2, deux bâtiments jumeaux de 1 000 m2 en R+1 divisibles en huit lots. Leur habillage haute performance permet d’atteindre une isolation thermique de l’ordre de RT-15 %. Un effort relayé par Domidéa, qui livrera au printemps prochain huit locaux d’activités de 250 à 300 m2 avec une mezzanine de 60 m2 pour les bureaux et des espaces végétalisés et arborés assurant une meilleure qualité de vie au travail. Enfin, toujours en direction de Lyon, l’espace Bièvre Dauphine, offre encore le long de l’A48 quelques belles opportunités : un terrain de 7 800 m2 et deux fonciers disponibles de 2 000 et 3 000 m2 dans la plaine au nord de Rives.
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Le Grésivaudan, vallée en éternel devenir
STMicroelectronics et Soitec, à Crolles, ont inspiré à la vallée une vitalité entrepreneuriale qui s’illustre aujourd’hui à travers près d’une cinquantaine de zones d’activités gérées par la Communauté de communes du Grésivaudan. À commencer par Inovallée côté Montbonnot-Saint-Martin où le foncier disponible devient rare, compte tenu du PPRI. Ici, l’heure est déjà à la restructuration d’anciens sites, comme celui de Cap Gemini, transformé avec succès par Domidéa : 8 000 m2 de bureaux en copropriété complétés par cinq petits locaux d’activités disposant de bureaux de 75 m2 en mezzanine. Une possibilité d’extension d’Inovallée se tient un peu plus à l’est le long de l’A41, toujours sur Montbonnot : Secrétan, sur près de 10 hectares, pourrait accueillir des entreprises technologiques et du commerce dit “exceptionnel” d’ici trois à cinq ans. Ailleurs sur la vallée, c’est l’activité productive et logistique qui anime l’espace. Sur la zone de la Grande-Île où GLD a érigé deux vastes entrepôts, les entreprises industrielles trouvent le foncier et les infrastructures pour se développer. Le barreau autoroutier, en voie d’achèvement, et le doublement de l’échangeur de la Bâtie confèrent à ce secteur une réelle attractivité, comme en témoigne l’installation nouvelle de Perfomat (tôle perforée sur mesure). Près de 8 hectares restent encore disponibles sur les quelque 80 de la Grande-Île.
Reconstruire l’industrie sur l’industrie
La richesse du Grésivaudan tient aussi à sa capacité à reconstruire l’activité industrielle sur d’anciens sites. SLS Actiparc Sillon Alpin, sur la commune du Cheylas, s’est structuré sur le site historique d’Ascometal. Sur une trentaine d’hectares, ce projet privé de 40 000 m2 divisibles en nombreux lots de 200 à 5 000 m2 dispose d’un embranchement ferroviaire sur l’axe Grenoble-Chambéry. Il bénéficie aussi de grandes capacités de puissance électrique, avec notamment 250 MW de transformateurs et deux puits de pompage. La très prometteuse start-up Sylfen, spécialisée dans le stockage hydrogène, ne s’y est pas trompée en choisissant d’intégrer SLS Actiparc. Qui pourra compter sur les synergies potentielles avec une nouvelle zone d’activités toute proche, sur l’ancien site des papeteries Moulin-Vieux, à Pontcharra : 4 hectares dédiés à l’activité, la moitié étant d’ores et déjà commercialisable. Refaire du neuf sur du vieux : c’est encore cette logique qui a présidé aux projets du Pruney (Le Versoud, dédié aux activités sports et loisirs) et de Longifan (Chapareillan, orienté production et artisanat), construits sur deux friches. Quand le total de foncier économique disponible sur la vallée reste inférieur à 50 hectares, la reconversion d’anciens sites devient une piste à suivre.
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Défrichage au sud
À Vizille, le groupe Elegia a aménagé plus de 14 000 m2 de foncier sur la friche Alliance, l’ancien site de production textile et de soierie. Vont s’y développer des bâtiments à vocation mixte, activités et habitat, pour une surface totale de 9 000 m2, en entrée de ville avec espace paysager arboré entouré de canaux. En Matheysine, sur la commune de Saint-Honoré, une autre friche industrielle a retrouvé un nouveau destin. Sur 11 000 m2 au total, Évolutif s’adresse aux entreprises du secteur productif pour abriter leurs ateliers et leur logistique (jusqu’à 12 mètres de hauteur de plafond). Comme son nom l’indique, le site veut offrir une réponse modulable selon les besoins, et son aménagement se fait au cas par cas, à l’image des différents espaces locatifs gérés par Matheysine Développement. Une deuxième tranche de travaux l’an passé a permis la création d’une quinzaine de lots, occupés notamment par Sud Kit Elec (pieuvres électriques), un autocariste et différentes entreprises du BTP. Une entreprise muroise occupera bientôt l’espace restant (2 000 m2) pour un nouveau projet industriel avec 30 emplois à la clé. Courant 2021, le lancement d’une troisième et dernière tranche consistera à réhabiliter le secteur est du site (4 000 m2).
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