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Loisirs — Le 16 novembre 2016

Hobbies et jardin secret des dirigeants

Mer ou montagne, en équipe ou en solitaire, en mode sport extrême ou face au public d’une salle de spectacle, les chefs d’entreprise isérois cultivent des passions très diverses. Des entrepreneurs et cadres supérieurs ont accepté de nous ouvrir les portes de leur jardin secret. Témoignages.

© Fotolia

Trouver un équilibre, faire le vide, prendre du recul par rapport au rythme effréné de la vie de chef d’entreprise… la pratique d’une activité sportive, culturelle ou ludique constitue une bouffée d’oxygène indispensable. Or, de ce point de vue, l’Isère représente un formidable terrain de jeu. Avec ses massifs environnants et ses 22 stations de sports d’hiver, ses lacs et terrains de sport, le département offre un large choix pour qui veut pratiquer le ski, la randonnée, l’escalade, le VTT, la plongée, le golf ou encore le vol libre. Sans compter ses équipements culturels ou ludiques, ses salles de spectacles pour se produire ou se divertir.

Atteindre les sommets

Être né à Grenoble signifie grandir quasiment les skis aux pieds. En Isère, les stations de l’Oisans, Les Deux-Alpes et L’Alpe d’Huez remportent les faveurs de nombre de skieurs chevronnés. Mais les massifs de Belledonne, du Vercors ou de Chartreuse sont également appréciés pour le ski de randonnée ou pour les courses nature, l’été. Passionné de trail, Benoît Laval, le dirigeant de Raidlight-Vertical, a ainsi ouvert en 2011, la station de trail de Saint-Pierre-de-Chartreuse. Un concept dupliqué à Villard-de-Lans en 2013.
“Quand j’ai créé mon entreprise, je me suis obligé à garder en parallèle mes deux passions, la musique et la montagne, déclare Aymeric Bonnot, fondateur d’Ascenso, à Grenoble, en 2007. Je pratique le ski de randonnée, le ski de piste, le trail longue distance et l’alpinisme. J’ai gravi les grands classiques tels que le mont Blanc ou le Dôme des Écrins”, raconte-t-il. À la fois cabinet de recrutement, de formation et conseil RH, Ascenso est spécialisée dans le milieu de la montagne, s’appuyant en cela sur l’expérience de son dirigeant. Aymeric Bonnot connaît parfaitement les spécificités et les contraintes de ce milieu et peut aisément comprendre les problématiques des employeurs.

Une école d’humilité et d’exigence

Pour qui aime la haute montagne, le massif des Écrins est le paradis des Isérois. “Mon site préféré ? Les Écrins !”, affirme sans hésiter Didier Madaire, dirigeant-fondateur de DPF, spécialiste de l’emballage et du conditionnement, à Rives. Celui qui a gravi le mont Blanc à plusieurs reprises apprécie, l’hiver, après le travail, de chausser ses skis de randonnée, direction les Écrins qu’il arpente à la lumière de sa lampe frontale. “J’ai une passion pour les espaces et la nature, reprend-il. La montagne, c’est ma vie : en tant que chef d’entreprise, j’ai besoin de me ressourcer en énergie et cette énergie, je la trouve là-haut.” Didier Madaire ne craint pas de partir en solo : “Seul, on se découvre des ressources insoupçonnées, car la pratique en solitaire exige un mental encore plus fort. Et puis la montagne, c’est aussi une école d’humilité. Face aux éléments extérieurs, vous êtes tout petit. J’ai des souvenirs très forts de courses d’alpinisme où nous avons dû faire face au mauvais temps...” Le dépassement de soi, une quête indispensable pour qui veut gravir les plus hauts sommets.

Au-dessus des cimes

Voler reste un rêve pour beaucoup. Or, l’Isère offre la chance de disposer de lieux et d’infrastructures adaptés à qui veut côtoyer les nuages. Internationalement connue, l’aire de Saint-Hilaire-du-Touvet ravit les passionnés de vol libre. L’aérodrome du Versoud, quant à lui, spécialisé dans l’aviation légère, accueille tous les adeptes du vol loisirs : bimoteurs, hélicoptères, planeurs, ULM… DRH de Tecumseh (spécialiste de la réfrigération commerciale), à La Mure, François Mazoyer a fréquenté le milieu aéronautique dès son plus jeune âge, suivant les traces de son grand-père et de son père. Il a plusieurs brevets en poche : pilote de planeur à 16 ans, avion à 20 ans, ULM à 30... “Voler procure un sentiment de liberté et, en même temps, c’est une école de rigueur qui nécessite concentration et capacités à analyser la situation, repérer les courants ascendants, trouver des solutions de repli, commente-t-il. Depuis deux ans, je suis instructeur de planeur et je passe tous mes week-ends au Versoud. J’aime partager ma passion. Le vol en solitaire ne m’intéresse pas. Le planeur nécessite d’être remorqué et signifie donc travail d’équipe. Par ailleurs, il existe des parallèles entre la fonction d’instructeur de vol et celle de DRH. Vous devez rassurer l’apprenti pilote ou, au contraire, calmer son enthousiasme, mais également lui faire confiance. Et il faut garder son sang-froid, quelle que soit la situation. Idem dans le monde professionnel où il s’agit de rassurer les équipes, le dirigeant, les salariés, les partenaires sociaux, savoir à la fois recadrer et accorder sa confiance.”

Affronter les éléments naturels

Analyser son environnement, mesurer le risque, prendre la bonne décision et partir au bon moment... en montagne comme sur la mer, il ne faut pas hésiter face aux éléments et s’adapter à la nature. Grande sportive depuis l’enfance, Marie-Hélène Boissieux, dirigeante-fondatrice de l’agence Adeo communication (Saint-Marcellin), continue de pratiquer aujourd’hui ski, jogging, tennis… “Depuis trois ans, je me suis mise au surf, raconte-t-elle. D’abord pour suivre ma fille. Mais c’est vite devenu une passion. Le surf vous donne une impression de liberté. On se retrouve face à soi-même et il faut sans cesse s’adapter car la mer n’est jamais la même. Ce sport exige de connaître les courants, les coefficients de marée, la puissance des vagues. Outre la résistance physique, le mental est aussi très important.” La pratique sportive permet à Marie-Hélène Boissieux de prendre du recul par rapport à son activité quotidienne de femme chef d’entreprise. “Apprendre un nouveau sport, c’est aussi un challenge et j’aime les challenges ! Le surf oblige à se dépasser, à se battre, à s’adapter. Autant de comportements que l’on retrouve au niveau professionnel.”Chef de projet innovation chez Trixell depuis 15 ans, Laurent Chevallier pratique la plongée depuis de nombreuses années. Il a d’ailleurs passé son monitorat d’apnée et de pêche sous-marine en apnée. “J’apprécie la philosophie de ce sport à risque, déclare-t-il. Il exige une discipline de vie et impose de bien connaître ses limites.” En parallèle, Laurent Chevallier pratique quotidiennement la méditation, utile pour cette activité, mais également “un moyen d’éviter le surmenage et d’apprendre à vivre l’instant présent”. En possession d’une licence de skipper, il organise par ailleurs, depuis de nombreuses années, avec le comité d’entreprise de Trixell, des régates et autres croisières. “Sur un voilier, chacun a un rôle à tenir pour que le bateau avance, explique-t-il. Et puis, former un équipage implique de réunir les collaborateurs, ceux de la production et ceux de la R&D par exemple, qui n’ont guère l’occasion de se croiser autrement. Des amitiés se lient sur le bateau, une solidarité se crée qui perdure au retour dans l’entreprise. Enfin, naviguer veut dire larguer les amarres à tous les sens du terme...”

Le collectif, dans le sport comme dans l’entreprise

Indiscutablement, les sports collectifs se construisent autour de valeurs fortes transposables au monde professionnel. Membre du conseil d‘administration du FCG, président du Cercle 1892, le club des partenaires, Didier Madaire a joué au rugby jusqu’à l’âge 30 ans et a conservé son amour du ballon ovale. “Je suis très reconnaissant au monde du rugby de m’avoir ouvert des portes, assure-t-il. J’aime en outre les valeurs que véhicule ce sport : l’humilité, la solidarité. La victoire est le fruit d’un travail d’équipe.” Le milieu de l’ovalie rassemble de nombreux dirigeants qui partagent la même passion. Alliant sport, détente et business, le Stade des Alpes est ainsi devenu un lieu de rendez-vous incontournable les soirs de matches, les conversations se poursuivant lors des troisièmes mi-temps.

Du sport et des arts

Pour certains entrepreneurs, sport et pratique artistique vont de pair.Montagnard expérimenté, Aymeric Bonnot est aussi violoniste et membre de l’Orchestre symphonique universitaire de Grenoble. “Jouer demande beaucoup d’énergie et d’investissement, raconte-t-il. C’est un plaisir de se produire avec des gens qui s’apprécient. Ensemble, nous cherchons à susciter de l’émotion. La musique, comme la montagne, m’apporte un équilibre.” Aymeric Bonnot fait par ailleurs partie de la Fabrique Opéra depuis sa création, il y a dix ans.

De son côté, Bérengère Réale, fondatrice d’Oclico (commerce en ligne de produits locaux, à Saint-Martin-d’Hères), a découvert l’an dernier le plaisir de la voile : “Sur un bateau, vous êtes coupé de tout, pas de téléphone, pas d’Internet. Vous vous retrouvez en prise directe avec les éléments. Quand je pars une semaine en mer, j’ai l’impression de décrocher pendant six mois !” Créative et débordante d’imagination, Bérengère Réale pratique, en parallèle, le théâtre d’improvisation, “une autre façon de déconnecter totalement du travail”. Jusqu’en 2014, Bérengère Réale a fait partie de la Ligue amateur de théâtre d’improvisation de l’agglomération grenobloise (Latiag). Aujourd’hui, elle apprécie de s’exprimer dans des spectacles d’impro plus longs, des histoires de vie qui poussent à explorer les sentiments. “L’improvisation permet de casser les barrières entre les personnes et apporte une réelle ouverture d’esprit”, estime la jeune dirigeante.

Une passion, un métier

Certains chefs d’entreprise ont construit leur entreprise sur le terreau même de leur passion.Multiple champion de France de saut à la perche, vainqueur de la Coupe du monde en 1989, 5e aux Jeux olympiques de Séoul en 1988, le perchiste grenoblois Philippe Collet a derrière lui une belle carrière de sportif de haut niveau. Mais comme tout sportif de ce rang, il lui a fallu envisager l’après. “Très tôt, j’ai été sensibilisé par mes parents à mon avenir professionnel, se souvient-il. J’avais en tête de créer ma société et de rester dans le milieu du sport, car c’est à la fois ma vie et ma culture.” Dès 1989, en pleine carrière sportive, Philippe Collet crée Matsport. Par opportunité, il débute dans la commercialisation de perches. Depuis, l’activité de Matsport (Saint-Ismier) a évolué. La société commercialise aujourd’hui du matériel pour les stades d’athlétisme et propose ses services et solutions de chronométrage, fournissant notamment la Fédération française d’athlétisme. “Certes, la notoriété vous ouvre des portes, reconnaît-il, mais vous aurez avant tout l’étiquette du sportif et devez faire d’autant plus vos preuves comme chef d’entreprise.” De son expérience d’athlète de haut niveau, Philippe Collet garde sa capacité à gérer l’adversité, surmonter les obstacles, se fixer des objectifs et s’y tenir coûte que coûte.

Poursuivre sa vocation

Autre entrepreneur qui a su mettre sa passion au service de son projet professionnel : Dominique Daviot, pilote de ligne pendant 30 ans, qui a dû interrompre sa carrière pour raisons médicales. On ne devient cependant pas pilote de ligne par hasard. Sa passion aéronautique l’a donc conduit à imaginer Air Simu, un simulateur de vol, réplique parfaite du cockpit d’un Airbus A320. Le concept existe à Paris et dans le sud de la France, mais il est le seul dans la région. “Mon plus jeune élève a 12 ans, le plus âgé 93 ans ! annonce-t-il. Et je réponds au rêve de certains capitaines d’industrie qui viennent pour un vol découverte, voire plus. Je touche une large population dans un rayon de 150 kilomètres autour de Montbonnot, des curieux, des passionnés, des pilotes d’aéroclub désireux de s’essayer aux commandes d’un avion de ligne.” Air Simu propose même des séances de team building. Et contre toute attente, ce qui marche très fort sont les stages pour apprendre à gérer la peur de l’avion. Ouvert l’an dernier, Air Simu propose de vivre une expérience atypique et pourrait bien devenir un lieu de loisir tendance.

De nouveaux loisirs tendance

En marge des bowlings et jeux de casinos (l’Isère en compte trois avec Allevard, Villard-de-Lans et Uriage), un autre loisir indoor a fait son apparition depuis deux ans avec un succès certain : les jeux d’évasion (escape games). Le principe ? Enfermée dans une pièce, une équipe de quatre à six personnes doit résoudre des énigmes pour trouver la clé et sortir en 60 minutes chrono. Le précurseur à Grenoble, Challenge the Room, a ouvert deux autres salles au centre-ville et se déploie en franchise. Live Escape (Grenoble) et Only the brain (Eybens) surfent également sur ce concept. Ces espaces ludiques s’adressent tant aux amateurs passionnés qu’aux entreprises pour leurs sessions de team building ou bien encore pour vivre une nouvelle expérience du recrutement. En février dernier, Open réalisait ainsi une soirée recrutement à Challenge the room. Enfin, l’Isère offre une large palette de lieux de convivialité. Parmi les restaurants gastronomiques qui font la réputation de Grenoble, citons l’Auberge Napoléon, le restaurant Badine, Chez le Pèr’Gras, le Fantin-Latour, ou encore les Terrasses d’Uriage, Chavant ou le Château de la Commanderie. Des plaisirs de la table appréciés par certains dirigeants qui n'hésitent d'ailleurs pas à se mettre eux-mêmes derrière les fourneaux, pour leurs proches et réseaux d'amis, voire à tenir leur propre restaurant. Ainsi Mathieu Genty, fondateur de Cowork in Grenoble, fut pendant un temps propriétaire et chef cuisinier de la Taverne de l'écureuil, à Sainte-Agnès.
F. Combier

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