Les circuits vertueux en BtoB s’organisent
Réutiliser les déchets des uns comme les ressources des autres constitue l’un des principes de l’économie circulaire. Créer des filières d’approvisionnement et de sous-traitance locales représente aussi un autre fonctionnement vertueux sur les plans de l’environnement et de la compétitivité prix. Loin de rester théoriques, ces approches s’illustrent dans la pratique. Exemples retenus dans différents secteurs d’activité.
C’est le credo de Kario, distillerie de Belley fondée en 1905 par les Frères de la Sainte Famille. Par essence, cette société n’emploie que des matières premières cueillies ou récoltées dans son proche environnement. Dirigée depuis 2008 par un ingénieur qui a réalisé toute sa carrière dans les nouvelles technologies, elle est devenue aujourd’hui la seule Entreprise du patrimoine vivant à proposer un soda exclusivement fabriqué à partir de produits locaux et naturels. Toujours dans l’Ain, dans la plasturgie cette fois, une action innovante a vu le jour à l’initiative de quatre entreprises du secteur (Broplast, Indco, Gavand, Nigra Fils), de la structure d’insertion Aire, et du centre technique de la plasturgie et des composites (PEP). Elle a pour objectif de recréer une matière plastique de seconde vie à partir du recyclage de pièces actuellement destinées à l’enfouissement. “Tous les transformateurs recyclent déjà les chutes ou rebus obtenus à l’issue de leur processus de production. Mais beaucoup de pièces non nobles partaient en déchetterie faute d’opérations de recyclage adaptées”, explique Nadine Simone, chargée de développement. Un cintre plastique contenant une pièce métallique était par exemple considéré comme trop complexe à recycler. Une société, Triveo, a donc été créée en 2014 à Brion pour résoudre ce problème. Entre septembre 2015 et septembre 2016, elle a ainsi traité 820 tonnes de déchets, évitant leur enfouissement ou incinération. “La matière récupérée contient encore trop d’impuretés pour servir l’industrie alimentaire, le cosmétique ou le médical, mais elle convient tout à fait pour des secteurs tels que le BTP, ou des applications automobiles comme les tableaux de bord.” Triveo emploie 14 personnes en insertion et a su générer une activité viable et pérenne, même si, et c’est paradoxal, le faible coût des matières issues des énergies fossiles tend à réduire l’intérêt d’économiser la ressource.
Tisser les synergies au sein des territoires
En Isère, c’est une opération collective, portée au niveau national par l’Ademe et l’Institut de l’économie circulaire, qui a été proposée par la CCI Nord-Isère et la CCI Grenoble. L’action, baptisée programme national de synergies inter-entreprises (PNSI), s’inspire d’une méthodologie anglaise. Une quarantaine de sociétés sont invitées à travailler en atelier, puis suivies sur deux ans afin de détecter des synergies possibles entre elles (ou sur leur territoire). Des conseillers au sein des CCI les accompagnent dans leur démarche, en les aidant par exemple à surmonter les obstacles techniques ou réglementaires. Initiés en juin 2015, les deux premiers ateliers se sont déjà révélés plus que concluants : “À l’issue d’une seule session, 300 ressources ont été proposées, et 590 synergies potentielles identifiées chez les entreprises participantes”, illustre la CCI Nord-Isère. “Ainsi, une entreprise disposait de tourets en bois en grande quantité pour la livraison de câbles électriques, qui partaient en déchetterie. Cela intéressait une société qui pouvait réemployer le bois pour des tables ou des chaises. Une autre obtenait de son process des eaux usées chargées en aluminium et ce déchet était brûlé, alors qu’une entreprise tierce était capable de traiter les eaux et valoriser l’aluminium ! Deux acteurs qui se sont rencontrés lors des ateliers se sont aussi rendu compte qu’avec leur savoir-faire complémentaire ils pouvaient développer ensemble un produit en commun !” Premier verdict, à mi-parcours : les entreprises connaissent mal les activités d’autres sociétés voisines ; concentrées sur leur cœur de métier, elles peinent également à identifier des compétences ou savoir-faire utiles sur une partie de leur process, si l’idée ne leur est pas suggérée ou ne s’impose pas comme une évidence lors d’une rencontre informelle. À l’issue du programme, en juin 2017, plus de 200 sociétés du territoire auront été sensibilisées et suivies. Soit autant de relais locaux pour, demain, essaimer l’esprit de la démarche !
E. Ballery
A savoir
Garantir aux entreprises un accès durable aux ressources dont elles ont besoin est l'un des principaux avantages de l'économie circulaire
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