Laurent Rannaz : "Nos équipes sont le moteur de Caterpillar !"
À Grenoble et Échirolles, Caterpillar France opère une transformation d’envergure, en intégrant une production de chargeuses sur pneus pour le marché européen, auparavant réalisée en Belgique. Ce challenge mobilise les forces de l’entreprise, fondées sur l’engagement des employés et l’excellence industrielle. Témoignage de Laurent Rannaz, président de Caterpillar France.
Le siège de Caterpillar vous confie l’assemblage de produits phares, les chargeuses sur pneus. Qu’est-ce qui a, selon vous, justifié cette décision ?
D’abord, elle illustre que la région grenobloise, déjà reconnue pour les micro et les nanotechnologies, l’est également dans le monde pour l’industrie mécanique. Nos entreprises, historiquement et solidement implantées, sont elles aussi complètement tournées vers l’avenir. Le groupe américain Caterpillar a démarré une activité à Grenoble en 1961. Depuis, d’importants investissements ont été engagés et sans cesse renouvelés. Ils ont fait des deux sites de Grenoble et d’Échirolles la première unité de production du groupe en Europe continentale, avec 1 600 salariés, 500 fournisseurs directs ou indirects, et 5 000 emplois induits. Pendant deux années successives, en 2015 et 2016, notre entreprise a remporté le Chairman Award – le trophée international le plus convoité en interne – pour la qualité de ses résultats opérationnels, parmi 200 usines dans le monde. Le fait que le siège aux États-Unis nous confie cette production illustre sa confiance dans les équipes locales.
Qu’est-ce que cela change à votre stratégie ?
Les gammes d’engins produites chez Caterpillar France étaient auparavant destinées en grande partie au continent américain. Ce choix a donc pour effet de nous recentrer sur nos marchés cœurs, avec des produits fabriqués en Europe, pour l’Europe. Nos deux sites seront à l’avenir moins dépendants des fluctuations euros/dollars, et des délais liés au transport maritime. De même, cette proximité avec nos clients permettra de réduire de façon sensible notre empreinte carbone. Cela revient tout simplement à supprimer des obstacles dans la course que nous menons !
Quelles sont les étapes clés de la transformation du site ?
Depuis le mois de septembre, nous commençons à former nos employés à l’arrivée des nouveaux engins, en particulier pour les activités d’assemblage. Les équipes méthodes et logistique sont mobilisées sur la définition des nouveaux processus. Des salariés de Grenoble forment des soudeurs de Pologne, qui prendront le relais de nos productions mécanosoudées. Six nouveaux modèles de chargeuses sur pneus entreront progressivement en production, entre février et juin. D’ici septembre 2018, l’entreprise se sera réinventée, grâce au professionnalisme et à l’engagement de nos salariés. Les femmes et les hommes de Caterpillar France mettent tout en oeuvre pour réussir ce challenge !
En plus d’être compétitif, votre environnement est aussi technologique. Comment cet aspect s’illustre-t-il ?
Notre industrie fait appel aux mêmes capacités d’innovation, de réactivité, d’agilité que le secteur des semi-conducteurs ! Les équipes des méthodes utilisent par exemple de plus en plus des lunettes virtuelles sur les lignes d’assemblage pour visualiser les modifications qui pourraient être nécessaires, sans interrompre la production. C’est ainsi que nous travaillons déjà aux meilleurs procédés d’assemblage des pièces sur les lignes et à l’ergonomie des futurs postes de travail… Certains de nos techniciens qualité commencent aussi à prendre avec une tablette une photo d’une pièce reçue, elle-même destinée à s’insérer dans un plan 3D. Si la pièce n’est pas exactement conforme, alors des zones d’alerte figurant en rouge apparaissent. De fait, le groupe Caterpillar est pleinement entré dans l’industrie 4.0. Lors du dernier salon mondial aux États-Unis, un engin situé dans l’Illinois a été piloté à distance par un opérateur situé à Las Vegas, pour réaliser des travaux de terrassement très précis. La rapidité des évolutions nécessite de comprendre ces changements, puis de proposer des solutions pour une meilleure employabilité des hommes et des femmes.
Qu’avez-vous déjà mis en place ?
Aujourd’hui, un jeune qui intègre Caterpillar exercera nécessairement plusieurs métiers dans l’entreprise, et nous devons accompagner ces évolutions. Nous travaillons avec les représentants du personnel, et un accord de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences et la création d’un observatoire des métiers ont permis d’identifier les mutations en cours et de les préparer progressivement. Cela passe par une formation professionnelle renforcée, qui occupe selon les années entre 6 et 8% de la masse salariale. Cela se traduit également par le développement de la qualité de vie au travail, qui s’appuie sur un dialogue permanent et un suivi d’indicateurs très précis. Là encore, nous nous distinguons par un niveau d’engagement parmi les plus forts au sein de la corporation et de la profession. C’est fondamental, car la réussite de Caterpillar passe par celle de ses salariés !
E. Ballery
Infos clés
- Leader mondial des engins de terrassement et de génie civil
- Effectif monde : 95 000
- Siège social : Peoria, dans l’Illinois (États-Unis)
- Siège de Caterpillar France : Grenoble
- Deux implantations en Isère, Grenoble et Echirolles
- Effectif : 1600
A savoir
- Nous ne pourrons réussir le changement que si l’humain est au centre de nos préoccupations
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