Financement des entreprises : les solutions s’adaptent au marché
861 Md€ en 2015, 947 Md€ en 2017, plus de 1 000 Md€ en 2018… le montant total d’encours de crédits aux entreprises ne cesse d’augmenter pour atteindre des niveaux records. Face aux attentes, les acteurs du financement offrent une palette toujours plus fournie de solutions “sur mesure”. Regard sur un secteur en pleine effervescence.
Créations en hausse, explosion des montants de financement accordés, taux de défaillances mesurés… la dynamique économique est bien réelle depuis 2016. Au risque de la surchauffe ? Le nombre de créations d’entreprises atteint un seuil inégalé : 691 000 en 2018 selon l’Insee, en hausse de 20 % pour les entreprises individuelles classiques (EIRL, micro-entreprises...), et de 2 % pour les autres sociétés. En parallèle, les besoins de financement sont en plein boum. La Banque de France indique que les crédits mobilisés par les entreprises s’élèvent à 1 003,1 Md€, soit une augmentation de 5,3 % par rapport à 2017 (cf. encadré chiffres). Pour Rodolphe Ferrier, président du Comité local des banques de l’Isère, les 309 Md€ de nouveaux crédits contractés par les entreprises en 2018 auprès du secteur bancaire, au niveau national, sont la preuve d’une confiance retrouvée et d’un contexte économique général estimé, lui aussi, plutôt bon.
Une économie stimulée par le crédit.
“Nous restons sur une année 2018 exceptionnelle en termes de financement, affirme ainsi Rodolphe Ferrier. Globalement, les flux monétiques, à savoir les traitements électroniques, informatiques et télématiques nécessaires à la gestion de cartes bancaires et aux transactions associées, ont connu une croissance de 2 %. Les taux d’intérêt pratiqués se situent à un niveau historiquement bas en 2018, aux alentours de 1,67 % pour les entreprises françaises, la moyenne européenne étant de 1,99 %.” Même son de cloche du côté de Michel Albouy, professeur de finance à Grenoble École de Management. Selon lui, la crise de 2008 est réellement passée, l’économie ne manque pas de moyens de financement grâce à un système bancaire très ouvert. Avec des nuances toutefois : “Les grandes entreprises disposent d’une importante trésorerie, le seul problème est qu’elles n’investissent pas suffisamment. Du côté des PME, cela dépend de leur situation financière. Certaines d’entre elles peuvent manquer de fonds propres pour avoir accès à des crédits bancaires à la hauteur de leur projet de développement.”
Le territoire grenoblois suit un mouvement national teinté de jaune
Le tissu économique local connaît lui aussi une embellie à l’aune des grandes tendances nationales. “Avec environ 4 Md€ de crédits d’investissement sur l’Isère en 2018, l’investissement a connu une hausse de 6 %, les besoins de trésorerie pour développement ont augmenté de 5 %. Ce sont des pourcentages très largement supérieurs à la croissance économique”, déchiffre Rodolphe Ferrier. Pourtant, depuis la fin de l’année, une nouvelle donne est en train de rebattre les cartes : le mouvement des Gilets jaunes. “C’est bien sûr le fait marquant, bien qu’il soit trop tôt pour en tirer un bilan définitif. Avec le recul, nous avons une bonne nouvelle : la situation apparaît moins catastrophique qu’on aurait pu l’imaginer, même si certaines activités ont pu être très touchées… Le mouvement n’est pas neutre, avec 45 % de commerces déclarant avoir perdu du chiffre d’affaires. Mais 55 % d’entre eux n’ont pas été impactés”, observe encore Rodolphe Ferrier. Pour soutenir les entreprises du territoire directement touchées, l’ensemble des banques a mis en place des offres spécifiques destinées à dépasser ces difficultés conjoncturelles : étalement des dettes, opérations de financement à taux zéro… Plusieurs d’entre elles accordent, par exemple, un prêt de soutien d’urgence à hauteur de 10 000 €, à taux zéro sur 36 mois, un dispositif de la Région relayé par les CCI et les Chambres de métiers.
Le système bancaire, financeur n° 1
Le secteur bancaire reste bel et bien le premier financeur auprès des entreprises, avec une trentaine de dispositifs court terme (découvert ou facilité de caisse, affacturage, escompte commercial, dispositifs fiscaux…), moyen terme et haut de bilan (emprunt, prêt d’honneur capital-risque, introduction en bourse, compte courant d’associé…). Les entreprises ont ainsi le choix des armes, en fonction de leur niveau de développement, de leur taille, de leur chiffre d’affaires, de leur projet… La forte concurrence entre les banques a nécessité de faire preuve d’imagination pour répondre au mieux aux multiples situations. Leur stratégie : se positionner, parallèlement aux offres classiques, sur des financements sur mesure.
Le Crédit Agricole Sud Rhône Alpes s’affirme ainsi aux côtés du dirigeant pour l’accompagner dans sa réflexion stratégique : comment se développer, notamment à l’international ? Avec quels outils ? Sur quels marchés ? Comment sécuriser ce dispositif ?…. “Notre expertise sur la structuration de dettes, avec des montages financiers à la carte, permet d’apporter une réponse précise à des projets lourds que les dirigeants n’avaient pas forcément anticipés”, confirme Anne-Marie Valier, adjointe au directeur du marché des entreprises.
Le taux de progression des montants empruntés dépasse très largement celui de la croissance économique
La Caisse d’Épargne Rhône Alpes attache une attention toute particulière aux financements dits complexes, pour les PME dotées d’un chiffre d’affaires de plus de 1,5 M€. “Nos équipes spécialisées d’Hyperia Finance apportent un conseil global en fusions et acquisitions et financements structurés, pour mettre en place une véritable banque du dirigeant. Son but est de venir en soutien aux chefs d’entreprise souhaitant racheter ou céder des titres, créer une holding, connaître le bon prix de rachat d’une société”, précise Géraldine Rolland, directrice du centre d’affaires de Grenoble.
La Banque Populaire Auvergne Rhône Alpes a également financé les professionnels à hauteur de 1 Md€ en 2018, soit une hausse de 10 % sur les deux dernières années. Pour les artisans, commerçants et professions libérales, le groupe s’implique particulièrement sur le bas de bilan : financements à court terme en fonds de roulement, facilités de caisse et découverts, affacturage… “En plus des offres classiques, nous utilisons un outil que peu de banques proposent : la cession Dailly, instaurée par la loi du même nom, qui désigne une technique de cession de crédit à un établissement bancaire. Sur le moyen terme, nous suivons les investissements corporels et incorporels (fonds de commerce, brevets…) dans le cadre de la création, de la transmission, de projets d’investissement, notamment dans la transformation digitale”, clarifie Henri Baudoin, directeur du marché des professionnels.
Des produits bancaires singuliers et adaptés
Le Crédit Mutuel s’oriente vers le financement locatif, avec une expertise spécifique sur le financement moyen terme de biens mobiliers neufs ou d’occasion récente, et des barèmes adaptés au cycle d’exploitation. Selon Christel Clargé, responsable du marché professionnel, “le matériel est financé à 100 %. Le financement locatif regroupe le crédit bail, la location longue durée, la location financière, les flottes de véhicules… Les loyers sont comptabilisés dans les autres charges externes afin de maîtriser au mieux les dettes moyen et long termes. Le propriétaire du matériel n’est pas l’entreprise, mais bien le crédit bailleur, ce qui permet de limiter les garanties personnelles. Nous proposons par ailleurs des enveloppes préaccordées pour anticiper les besoins de financement de nos clients, une enveloppe réservée sur 12 mois d’un montant adapté à leurs besoins. Cette solution très souple offre plus de réactivité face à un besoin urgent, tel que la casse d’un véhicule ou le renouvellement anticipé d’un matériel.”
Du côté de la Caisse d’Épargne, l’ambition est d’accompagner toujours plus les entreprises à l’international. “Par exemple, en octobre prochain, nous lançons avec Grex, un webinaire sur les moyens de paiement, leurs contraintes et inconvénients, en Asie et Afrique du Nord”, détaille Géraldine Rolland, directrice du centre d’affaires de Grenoble. Grex, le centre de commerce international de la CCI, conseille et aide notamment les entreprises dans l’identification des aides les mieux adaptées à leur projet. Deux aides régionales sont ainsi particulièrement sollicitées : le financement d’un cadre export ou d’un consultant à hauteur de 50 % du coût, plafonné à 30 k€, et une subvention de 50 % du coût d’un jeune de moins de 28 ans embauché sous statut VIE (Volontariat international en entreprise).
Des services spécialisés développent des expertises poussées
À la Banque Populaire Auvergne Rhône Alpes, pour répondre aux besoins du territoire, deux organisations dédiées aux secteurs de la montagne et de l’innovation ont vu le jour, ainsi que des produits singuliers et des équipes associées. “Nous avons, par exemple, une équipe dédiée spécifiquement aux besoins de financement de plus de 10 M€, une autre appelée le ‘Club deal’ s’occupant des projets compris entre 4 et 10 M€, mais également, le ‘Réseau banque privée’, une réponse aux chefs d’entreprise dans le cas de rachats. En 2019, nous créons en outre une nouvelle offre pour financer les projets immobiliers professionnels d’au moins 10 M€”, décline Nicolas Poughon, le directeur de développement. La Caisse d’Épargne Rhône Alpes a aussi mis en place plusieurs services spécialisés développant des expertises métiers poussées : une agence Montagne, présente aux côtés des Domaines skiables de France, de la Fédération française de ski, d’Auvergne-Rhône- Alpes Tourisme et de France Montagne ; une agence spécialisée Innovation basée à Grenoble et, dernièrement, une agence Santé, créée en 2017 (640 clients régionaux à fin 2018). Elle a récemment accompagné des opérations emblématiques comme le Centre hospitalier de Voiron ou le Groupe hospitalier mutualiste de Grenoble.
Bpifrance à soutenu 14 000 PME et ETI, à hauteur de 4 Md€ en région
Le Crédit Agricole Sud Rhône Alpes investit aussi le territoire montagne : avec le Crédit Agricole des Savoie, il vient de signer un accord de coopération visant à doubler leur capacité financière auprès des acteurs de l’arc alpin. “Nos banques vont donc être plus puissantes dans les tours de table, aussi bien en tant que prêteurs que pour des opérations sur fonds propres”, annoncent leur directeur général adjoint développement respectif, Richard Laborie et Vincent Mouveroux. À elles deux, les banques totalisent 53 agences à plus de 800 m d’altitude, et des participations au capital de plus de 70 sociétés.
La spécificité Bpifrance
Autre acteur incontournable du financement : la Banque publique d’investissement. De l’amorçage à la cotation en bourse, Bpifrance offre des solutions adaptées à chaque étape de la vie de l’entreprise.La palette est vaste : du soutien à l’innovation à la garantie des crédits bancaires, en passant par le cofinancement de l’investissement et de la trésorerie, l’assurance export, ou l’apport en fonds propres. Yvan Demars, son directeur régional, témoigne d’un cru exceptionnel en 2018. “Bpifrance Auvergne-Rhône-Alpes a soutenu près de 14 000 PME et ETI à hauteur de 4 Md€. Nous enregistrons une percée des produits export et une hausse de 10 % du nombre de bénéficiaires. L’année 2019 sera, elle, placée sous le signe de la création et de l’industrie. Nous avons ainsi lancé ‘Bpifrance Création’ pour faciliter l’entrepreneuriat, et mis en place plusieurs dispositifs afin de soutenir l’industrie locale.”
Entreprendre Isère finance les projets de développement des entreprises
Autre structure active aux côtés des entreprises : Le réseau Entreprendre. En Isère, l’association a été créée en 1999 par une dizaine de dirigeants, qui ont décliné le concept imaginé par André Mulliez. Elle propose des prêts d’honneur sans garantie, ni caution, ni intérêts, pour des besoins de financement supérieurs à 75 k€ en cas de création ou de reprise, et supérieurs à 100 k€ pour le développement, dans le cadre de cofinancements. Le critère principal et incontournable est la contribution des projets à la création d’emplois (5 à 20 emplois sous 3 à 5 ans). Un montant d’un million d’euros sous forme de prêts d’honneur a été attribué en 2018 en Isère, pour 20 entreprises soutenues. “Ce sont principalement des TPE, et pour l’instant, plutôt des start-up. Mais nous cherchons à financer davantage les projets des entreprises traditionnelles, car c’est bien là notre vocation”, rappelle Suzy Cazzaro, la directrice du réseau. L’équipe iséroise, et ses 400 chefs d’entreprises aujourd’hui, se sont fixé un objectif : accompagner plus de 30 entreprises par an, pour 2 M€ de prêts d’honneur attribués d’ici 2021- 2022.
La “private equity”, 3e pilier du financement
Depuis la crise de 2008, aux côtés des financeurs classiques que sont les banques et le marché financier, un nouvel acteur est apparu : la “private equity”, autrement dit, l’entrée de capitaux d’investisseurs privés dans les fonds propres des entreprises. Une manne inédite aux yeux du professeur Michel Albouy. “C’est un capital qui n’a pas peur du risque. L’ensemble des entreprises, ETI, start-up, PME, a ainsi levé 19 Md€ l’année dernière. Si la pression fiscale était plus forte, la ‘private equity’ ne connaîtrait pas une telle évolution. Grâce à la suppression de l’ISF, 5 Md€ ont été réinvestis dans les entreprises. Leur chasse gardée, ce sont les ETI non cotées qui font moins appel aux marchés financiers. La suppression de l’ISF s’est également révélée positive pour les actionnaires de grandes PME ou ETI qui étaient auparavant imposés sur les dividendes.”
Dans ce nouvel environnement, le financement participatif connaît aussi un vif succès. Selon le baromètre dédié au crowdfunding, les sommes prêtées aux entreprises sont évaluées à 107 M€, un bond de 26 % par rapport à 2017. Le seul crowdlending, le prêt participatif, a même grimpé de 40 %. Les plateformes de crowdfunding se multiplient. Les 12 réseaux régionaux de Business Angels ont ainsi créé, avec la Région, “Incit’Financement”, et BPAURA a fondé une structure dédiée, Kokoriko.
Des participations à fort effet de levier
Depuis leur création en 2005, les Grenoble Angels (GA) ont financé 140 entreprises, investi 22 M€ (au total, 120 M€ avec les co-investissements) et permis la création de 4 000 emplois. “Nous constatons une baisse de 50 % des investissements des Angels sur la région en 2018. Cela est dû à la baisse des incitations fiscales et d’investisseurs qui, n’ayant pas de sorties suffisantes, ne peuvent réinvestir. Mais l’effet de levier est impressionnant, déclare Jean-Louis Brunet, président des GA. Il y a quelques années encore, lorsque nous investissions 100, le co-investissement s’élevait à 100. Or aujourd’hui, l’investissement est multiplié par cinq. Mieux : en 2018, quand les GA investissent 400 k€, 15 M€ sont levés au final. À Grenoble, nous avons été des catalyseurs d’effets multiplicateurs compris entre 10 et 20 !” Bruno Faedda, président du cabinet de conseil Arcalfia, se félicite de l’apparition de ce type de financement récent. “Il répond à un besoin de niche, particulièrement intéressant lorsque le besoin de financement est inférieur à 400 k€, et lorsque les investisseurs sont rares, du fait de business model disruptifs.”
Grâce à la suppression de l’ISF, 5 Md€ ont été réinvestis dans les entreprises
Savoir s’entourer pour choisir les bonnes solutions
Le pilier du conseil en termes de financement, c’est bien sûr l’expert- comptable. Ses missions : accompagner l’entreprise dans l’établissement d’un prévisionnel financier en vue d’un investissement, d’une diversification, mais également dans la recherche de financements. “Notre problématique majeure est de comprendre le besoin et, en face, le raisonnement du financeur, lors d’opérations de financement des biens immatériels, du fonds de roulement, d’apports en fonds propres pour certains projets de création ou de développement, et les garanties. C’est aussi bien définir les besoins de financement en haut de bilan, à moyen ou court terme. Notre rôle de conseil va jusqu’à solliciter France Initiative ou le Réseau Entreprendre et aider à constituer un dossier spécifique. Dans certains cas, il peut être nécessaire d’aller solliciter en direct Bpifrance”, complète Damien Dreux, président de l’Ordre des experts- comptables Rhône-Alpes. Pour faciliter les démarches de l’entrepreneur, l’Ordre a mis en place le dispositif “Crédit 50 k€”, un dossier unique comptable et financier diffusé par l’expert comptable simultanément auprès de trois établissements bancaires maximum. À ce titre, l’expert-comptable peut bénéficier d’honoraires variables en cas d’obtention de financements, une solution officiellement prévue par la loi Pacte.
Autre type d’accompagnement : les cabinets de conseil privés. Ils apparaissent comme un relais supplémentaire pour épauler le chef d’entreprise dans sa réflexion et sa prise de décision en termes de financements. C’est notamment la mission d’Arcalfia, cabinet de conseil en transmission, fusion-acquisition, cession, acquisition, reprise. Selon son président Bruno Faedda, “il existe une multitude de possibilités de financements en fonction de la nature des projets. Nous intervenons surtout dans le haut de bilan, en aidant à faire entrer des investisseurs dans le capital, ou dans un besoin de financement global. Ou encore dans la création et la reprise d’entreprises dans lesquelles on nous demande de structurer le financement, par exemple dans un renforcement en fonds propres non couvert par les banques. Dans la partie financement bancaire, notre accompagnement est réalisé en amont sur les dossiers, sur différents types de prêts demandés au banquier notamment. Notre travail s’effectue bien sûr de concert avec les avocats et les experts comptables, afin que les dossiers correspondent aux prévisionnels et aux critères bancaires”. La particularité de ce groupe, c’est aussi de disposer d’un incubateur “Élite transition”, basé à Annecy, pour accompagner des repreneurs dans le financement d’un rachat d’entreprise. Le même incubateur devrait voir le jour très prochainement à Grenoble.
Le boum du financement des start-up
Les banques se lancent aussi dans le métier de l’accompagnement des start-up, via des structures dédiées : incubateur B612 pour la Caisse d’Épargne, ou accélérateur Village by CA pour le Crédit Agricole. Car c’est une réalité, mutation de l’économie aidant, les start-up se multiplient et les niveaux d’investissements s’élèvent de plus en plus. Tous les acteurs le confirment, tel Christophe Bonnet, professeur à Grenoble École de Management, spécialiste du financement entrepreneurial des jeunes entreprises innovantes. “Les statistiques montrent qu’il y a explosion du nombre de levées de fonds et de leur montant. La levée de fonds moyenne est ainsi comprise entre 1 à 2 M€, et elle peut aller jusqu’à 100 M€ pour les plus connues comme BlaBlaCar ou Deezer… Il y a seulement cinq ans, on n’observait pas du tout cela. Leur cash flow étant négatif, la levée de fonds est incontournable pour grandir. Elles ont ainsi trois sources de financement : les capitaux propres (love money, Business Angels, fonds de capital-risque, crowdfunding…), les aides publiques organisées en grande partie par Bpifrance, et avec l’effet de levier, la dette bancaire.” Christophe Bonnet a imaginé pour elles une véritable boîte à outils, un Mooc intitulé “Lever des fonds pour ma start-up”. Et cela fonctionne : 4 000 personnes se sont inscrites à la première session en 2017.
On observe chez les start-up une explosion du nombre de levées de fonds
Les banques font elles aussi preuve d’innovation pour aider au financement de ces entreprises si particulières. C’est le cas du CIC Lyonnaise de Banque, une banque qui se positionne résolument dans le financement des start-up et de l’international. “Les start-up se développant souvent à l’international, ces deux axes sont très complémentaires. Nous leur accordons des prêts entre trois et quatre ans, à la création ou lors de leur développement, pour financer, par exemple, un projet R&D. Une de nos spécificités est l’avance du CIR, ce qui permet aux entreprises concernées de disposer de liquidités rapidement”, confirme Pierre Malthet, directeur de l’agence entreprises de Grenoble.
De plus en plus, le système bancaire crée, de toutes pièces, des structures totalement dédiées à l’innovation. C’est le cas de la Caisse d’Épargne Rhône Alpes qui a ouvert son agence Innovation en 2015, en choisissant de l’implanter à Grenoble. “60 % des dossiers innovation émanent de l’écosystème grenoblois, 40 % de l’environnement lyonnais. Nous avons déjà accompagné plus de 100 entreprises, pour 50 M€ prêtés. Ces entreprises ont levé plus de 500 M€ en capitaux, et créé 2 500 emplois sur le territoire. Nous avons pu solliciter pour elles le prêt innovation du Fonds européen d’investissement, ou un préfinancement sur mesure du CIR. Nous pouvons aussi apparaître en cofinancement dans des fonds d’investissement, avec fonds d’amorçage”, dévoile Caroline Hanriot-Sauveur, sa directrice.
Quand les PME ont accès au financement européen
Ce que l’on sait moins en effet, c’est que l’Union européenne octroie des financements à des projets et des programmes de PME. Ils couvrent notamment la recherche et l’innovation, l’emploi et l’insertion sociale, le développement urbain et régional… Les Fonds structurels et d’investissement (FESI), en particulier, mettent en oeuvre la stratégie Europe 2020, un programme décennal en faveur de la croissance et de l’emploi. En 2018, 23 PME françaises ont reçu un montant total de 50 M€, dont 10 entreprises situées en Auvergne-Rhône-Alpes, pour un montant total de 6 M€. Pascal Formisyn, professeur à l’école des Mines de Saint-Étienne, spécialiste des dispositifs de financements européens, en est un référent régional. “Pour les PME financées, la subvention est conséquente, puisqu’elle avoisine en moyenne 2,5 M€. Cela leur permet par exemple de passer d’une technologie expérimentale à la phase industrielle et commerciale. Mais ces aides concernent moins de 10 % des entreprises éligibles (50 à 60 dossiers instruits), ce qui est encore trop peu. Nous créons un écosystème pour faire évoluer ce taux. En décembre dernier, sur 12 dossiers interviewés au niveau national, 5 concernaient des PME régionales, ce qui constitue une bonne représentativité.”
Un endettement vertueux ou un seuil d’alerte ?
Le monde du financement des entreprises apparaît de plus en plus complexe, mais également de plus en plus structuré et diversifié. Les acteurs économiques disposent aussi de “boîtes à outils” fournies pour répondre à leurs besoins financiers. En 2019, tous les voyants semblent au vert, pour l’ensemble des acteurs. Mais si l’activité économique est soutenue par le crédit, le niveau d’endettement global des entreprises n’en apparaît pas moins porteur de risques en cas de crise financière. Car la France détient des records d’endettement en Europe comme à l’international. Selon la Banque de France, au troisième trimestre 2018, le taux d’endettement des sociétés non financières s’élève à 74,1 % en France (en forte progression), contre 38,7 % en Allemagne, aux alentours de 65 % en Italie et en Espagne (en décélération), et à moins de 47 % aux États-Unis (niveau stable). Certains économistes, déjà, préviennent contre les effets d’une “bombe à retardement”.
B. Merle, É. Ballery
Les chiffres clés du crédit en 2018
• Total des crédits mobilisés par les entreprises : 1 003,1 Md€, soit + 5,3 % par rapport à 2017 (dont PME : + 6,4 % ; ETI : + 3,4 % ; Grandes entreprises : + 1,9 %).
• Défaillances d’entreprises : + 0,6 % • Taux d’obtention des crédits PME : 97 % en investissement, 90 % en équipement, 88 % en trésorerie TPE : entre 70 et 85 % en fonction du type de crédit Source : Banque de France |
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