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Experts — Le 5 septembre 2017

Place de la France dans le monde, un “déclassement” à relativiser

Après l’euphorie temporaire qui a suivi la dernière élection présidentielle, force est de constater qu’en cette période de rentrée, les vieux travers empreints de pessimisme sont de retour. La presse économique évoque le déclin de l’économie française, la France étant parfois présentée comme une “puissance immergente”. Bien sûr, les sujets de préoccupation sont souvent réels et légitimes. Dans bien des cas cependant, la surréaction est devenue la norme. Quelques chiffres aident à y voir plus clair.

Grenoble Ecole de Management
© M. Brichet - Hugues Poissonnier, professeur à Grenoble École de Management et directeur de la recherche de l’Irima.

La France, bientôt 5e puissance économique mondiale…

Avec moins de 1 % de la population mondiale (22e rang sur ce critère) et 0,45 % de la surface (41e rang mondial), le fait que la France demeure la 6e puissance économique mondiale, devant l’Inde, constitue déjà une réelle performance. L’image sera encore plus flatteuse d’ici quelques mois, quand la France deviendra la 5e puissance mondiale à la faveur du décrochage du Royaume-Uni, plombé par le Brexit et la chute de la livre sterling. Il est vrai que de tels classements méritent bien les critiques qui sont formulées à leur égard, notamment celle de reposer sur le PIB, indicateur dont j’ai pointé les limites (et effets pervers) dans de précédentes chroniques. Si nos entreprises, qui réalisaient encore 6,5 % des exportations mondiales de biens et services au début des années 1990, n’en représentent plus que 3,5 % aujourd’hui, la France reste la 6e puissance exportatrice mondiale : un classement lui aussi étonnant pour un observateur qui se bornerait à lire les principaux titres de la presse économique...

La France, à la fois malade et sauvée par ses grandes entreprises

Le manque d’ETI1 dans l’économie française est souvent présenté comme une cause du déficit du commerce extérieur autant que comme une conséquence des relations difficiles qu’entretiennent ces ETI avec nos grandes entreprises. Le caractère multinational de ces dernières témoigne de leur volonté de trouver à l’international les principaux moteurs de leur croissance. La production délocalisée représente 2,5 fois les exportations françaises. Ce chiffre s’avère très élevé si on le compare à l’Allemagne (1,45 fois) ou l’Espagne (0,70 fois). Certes ces productions réalisées à l’étranger ne contribuent pas à améliorer la balance commerciale, mais elles génèrent des revenus pour l’ensemble de notre économie et de nos entreprises. Le magazine  américain Fortune vient de publier un classement témoignant de la densité particulière des géants économiques2 en France où l’on compte un grand groupe pour 2,2 millions d’habitants. C’est plus qu’aux États-Unis (un géant pour 2,4 millions d’habitants), qu’au Japon (un pour 2,4 millions) ou qu’en Allemagne (un pour 2,9 millions).

Un peu de prospective : l’économie mondiale en 2050

Au-delà du gain annoncé d’une place dans le classement, davantage dû aux difficultés passagères du Royaume-Uni, il est toujours intéressant d’adopter une vision de plus long terme. Cette dernière confirme le déplacement du centre de gravité de l’économie mondiale des pays dits matures aux pays émergents. Les pays de l’E7 (Chine, Inde, Brésil, Indonésie, Mexique, Russie, Turquie) devraient selon plusieurs sources3, représenter 50 % de l’économie mondiale en 2050 quand les pays du G7 (EU, Canada, RU, France, Allemagne, Italie, Japon) n’en représenteront plus que 20 %. Peu de travaux prospectifs se focalisent sur des critères alternatifs au PIB, comme le Bonheur intérieur brut : c’est sans doute pourtant le premier levier de prise de distance avec la vision du déclin annoncé.



1Entreprises de taille intermédiaire.
2Le magazine s’est intéressé aux 500 plus grands groupes mondiaux, dont 29 sont français.
3Notamment PwC

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