Quelques grands projets pour un marché frileux
Malgré de bons chiffres 2015 et de belles réalisations en cours sur la métropole grenobloise, les professionnels du marché de l’immobilier d’entreprise évoquent une offre de bâtiments neufs insuffisante pour stimuler la demande.
Après le lancement de la construction du nouveau siège régional du Crédit Agricole en 2015, l’année 2016 sera pour les commercialisateurs marquée par deux grandes opérations : les nouveaux investissements de Schneider Electric sur la Presqu’Île et le campus d’EDF Hydraulique sur la zone d’Oxford. Pour le spécialiste mondial de la gestion de l’énergie, il s’agit d’un ancrage local réaffirmé parmi les grands acteurs de la recherche, avec deux bâtiments, l’un dédié à la R&D et aux fonctions support (1 300 salariés dès 2018), l’autre venant doubler le centre de production actuel. Un investissement de 120 millions d’euros estampillé GreenOValley. De l’autre côté de l’Isère, EDF occupera 30 000 m2 sur un site qui devrait aussi abriter des restaurants et un hôtel. Ces projets importants confirment l’attractivité du secteur nord-ouest de l’agglomération grenobloise, appelée à attirer d’autres entreprises dans les années à venir.
Recherche de bureaux neufs
Ailleurs sur la métropole, les chantiers de bâtiments tertiaires et d’activités de production peinent à redémarrer. Une situation qui inquiète les professionnels. La diminution du volume de bureaux disponibles est particulièrement pointée. “Nous sommes passés de 104 000 m2 à 98 000 m2, ce qui correspond à une baisse de 6 % des stocks”, relève Hugues de Villard, président de l’agence Axite CBRE. Ce niveau serait trop bas pour satisfaire l’évolution de la demande. D’autant qu’il n’y a presque plus de bureaux neufs, à part dans le bâtiment Les Reflets du Drac signé Michel Ferrier, dans la zone d’activités de Bouchayer-Viallet à Grenoble intra-muros. “Or, les grandes entreprises du secteur tertiaire exigent des bâtiments neufs, ou a minima très récents, pour avoir envie de se déplacer.”
Inadéquation entre l’offre et la demande
L’attrait du neuf correspond à une question d’image. Plusieurs clients dont les demandes se situent entre 1 000 et 4 000 m2 n’ont pas trouvé de biens l’année dernière. Ce sont des entreprises qui souhaitent généralement regrouper leurs sites en un seul. Du coup, les voilà qui signent un nouveau bail pour trois ans dans des locaux qui ne leur conviennent plus : “Ce cas de figure s’est déjà présenté à trois reprises depuis le début de l’année”, regrettent les professionnels de l’immobilier. Relancer la construction de bureaux neufs est donc indispensable pour répondre à la pénurie actuelle, notamment en matière de bureaux à l’achat : “Deux tiers des demandes correspondent à une volonté d’achat, alors que, parallèlement, deux tiers de l’offre se destinent à la location”, note Sylvain Michalik, directeur de l’agence BNP Paribas RealEstate. Les entreprises sont en effet encouragées à acheter leurs bureaux, compte tenu de la faiblesse des taux et du patrimoine que peut représenter un bien pour le dirigeant d’une TPE.
Grandes manœuvres dans l’industrie
La situation des locaux d’activités fait également l’objet de tiraillements. Avec 182 000 m2 commercialisés et une progression de plus de 70 % par rapport à 2014, 2015 figure comme une année record. Un chiffre historique, qu’il faut pondérer par le faible nombre d’opérations : “À elles seules, les extensions de GLD, ARaymond et Schneider Electric représentent 100 000 m2”, signale Guillaume Woutaz, directeur de l’agence Arthur Loyd et nouveau président de la FNAIM Entreprises. Surtout, les professionnels soulignent un marché dominé à 70 % par des bâtiments en location, alors que là encore les demandes s’orientent nettement à l’achat. L’offre accuserait même un degré de vétusté jamais atteint : “Beaucoup de bâtiments anciens ne sont plus commercialisables dans la région grenobloise, sauf à entreprendre des réhabilitations lourdes à un coût trop élevé”, diagnostique Hugues de Villard. Face à la raréfaction de locaux de qualité, les TPE et les artisans, considérés comme une clientèle réactive, restent dans l’expectative. Certains secteurs sont plus particulièrement touchés : “Les entreprises du BTP sont en net retrait dans les transactions”, souligne Guillaume Woutaz.
Relancer la construction
L’immobilisme qui frappe une partie des entreprises relève également d’une conjoncture peu favorable. “Nos prospects n’ont qu’une vision à court terme de leur activité, alors que les délais de mise en œuvre des nouvelles opérations peuvent être très longs”, indique Sylvain Michalik. Lorsqu’elles s’engagent, les négociations semblent aussi interminables : “Certains dossiers durent depuis plus de cinq ans, et nous ne sommes pas sûrs qu’ils puissent aboutir.” La relance de la construction de nouveaux bâtiments encouragerait certainement les entreprises à accélérer leurs décisions. “C’est l’offre qui crée la demande dans notre secteur”, rappelle Guillaume Woutaz. Un frein à la reprise durable du marché : le manque de foncier disponible, vieille antienne grenobloise. Pourtant ces terrains existent, même intra-muros. “Sur la Presqu’Île par exemple, il reste du foncier à aménager, mais les terrains restants sont pour l’heure bloqués. Les demandes des entreprises ont plus que jamais besoin d’être entendues”, martèle Sylvain Michalik.
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