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Industrie — Le 11 décembre 2017

Industrie du futur : un mouvement mondial

Ce vaste mouvement de transformation touchant l’industrie est mondial. Tout est parti d’Allemagne, avec un premier concept apparu à la Foire de Hanovre en 2011, suivi d’un programme gouvernemental visionnaire : Industrie 4.0.

© Adobe Stock

Le chiffre 4 désigne la 4e révolution industrielle en marche, celle du numérique et de la robotique, après les trois précédentes – machine à vapeur, électricité, informatique – qui façonnent aujourd’hui encore les conditions de production, les organisations du travail et nos modes de consommation. Ce thème a depuis fait école au niveau international : Smart Industry aux Pays-Bas, Industria Conectada 4.0 en Espagne, Made In China 2025, Manufacturing Industry Innovation 3.0 en Corée du Sud… Selon une estimation de PwC, l’industrie européenne investirait 140 Md€ par an d’ici 2020 dans les solutions de l’Industrie dufutur, soit la moitié de son effort d’investissement. Au niveau mondial, les répercussions économiques s’élèveraient à 900 Md€ chaque année !

Le devenir des nations industrielles en jeu

Si de nombreux États se sont emparés de cette question stratégique, c’est parce que cette “4e révolution” représente un défi majeur de modernisation et de pérennisation de l’outil industriel. Les pays où l’industrie est en pole position, comme l’Allemagne, la Chine, la Corée du Sud, l’ont bien compris. En France, des plans volontaires ont été continuellement définis depuis 2014 par les ministres successifs – Arnaud Montebourg, Emmanuel Macron, Bruno Le Maire – sous des appellations distinctes. Derrière les différents vocables, les enjeux à relever sont colossaux. Il ne s’agit rien de moins que de défendre le socle industriel, soit la principale source de richesse des nations industrialisées, en prenant des positions offensives dans ces technologies. La France, dont la part de l’industrie dans le PIB a chuté de 24 % en 1980, à 16,2 % en 1995 et 11,2 % en 2015, au même titre que le Royaume-Uni ou les États- Unis, se situe à un tournant. Rester en marge de cette évolution signerait le déclin assuré. À l’inverse, et si l’Industrie du futur contribuait à replacer l’Hexagone parmi les nations privilégiées ? 

Une vaste mobilisation, notamment en région

En avril 2015, la France a ainsi lancé le programme Industrie du futur, impliquant les industriels via leurs syndicats professionnels, l’État, les Régions, les pôles de compétitivité, les laboratoires, les centres de recherche et les établissements de formation. L’Alliance Industrie du futur a été créée pour animer le programme. Au niveau régional, la prise de conscience est aussi effective : “Notre région, première région industrielle française, et le pays dans son ensemble, doivent miser sur l’industrie pour assurer la nécessaire création de richesses, source d’emplois, la présence à l’export et l’innovation. La volonté du réseau des CCI est de contribuer pleinement au renouveau industriel de la région”, affirme Philippe Guérand président de la CCIR Auvergne-Rhône-Alpes. “Une part croissante de l’accompagnement proposé par les CCI lors de ce mandat portera sur le développement numérique de l’entreprise”, Jean-Louis Hyzard, élu de la CCIR en charge de l’appui aux entreprises.

Les priorités : informer, sensibiliser, accompagner…

Actant le fait que de trop nombreuses entreprises pouvaient rester à l’écart du chemin, les CCI se sont prioritairement engagées, au plus près des bassins d’emplois, dans des actions de sensibilisation et d’information. Par exemple, dans l’Ain, premier département de France pour la part de l’emploi industriel dans l’emploi total, la CCI a réalisé un Livre blanc, intitulé “Comment l’Ain conjugue l’Industrie du futur au présent ?”. Objectifs : mieux connaître la perception et les enjeux des entreprises de l'Ain face aux mutations, appréhender leur degré de maturation, les leviers à mettr en œuvre, identifier leurs besoins pour les soutenir dans ces mutations annoncées. De fait, 11 mesures concrètes, déclinées sur la durée du mandat, ont été élaborées pour accompagner cette transition : ateliers sur les différents volets de l’Industrie du futur – objets connectés, fabrication additive, robotique, nouveaux business model… – diagnostic en entreprise pour établir une feuille de route adaptée, visites de sites industriels, de centres techniques, rencontres créatives inter-entreprises, ateliers de cybersécurité, etc. Au niveau régional, cette stratégie sera à son tour déclinée. Par le biais du programme Ambition PME, et leurs volets performance industrielle, numérique, innovation, accompagnés par les CCI, de nombreuses entreprises ont déjà pu réaliser leurs premiers pas vers la réalité virtuelle, l’impression 3D, la numérisation de leurs process ou de leurs relations clients…

Proposer des événements dédiés

Sur presque tous les territoires, des salons, des forums, des dossiers spéciaux réalisés dans les revues consulaires (Le Mag Éco, Partenaires Savoie, Présences…) ont en outre permis de démystifier l’Industrie du futur, de l’illustrer par des témoignages concrets, ou encore de rapprocher l’offre et la demande. Le 30 mai dernier, une journée “Entreprise du futur, embarquement immédiat”, organisée par la CCI Savoie, a ainsi rassemblé 200 chefs d’entreprise. Dans la Drôme, le salon de la sous-traitance, le RIST, constitue désormais un rendez-vous incontournable sur cette thématique. Lors du Salon de l’entreprise proposé le 19 octobre par la CCI Beaujolais, une table ronde “Industrie du futur, découvrez les applications en Beaujolais”, a réuni les expériences locales menées en robotique, fabrication additive, objets connectés, emballages et packaging intelligent… Mais c’est aussi du côté de l’offre que les CCI ont mené un véritable travail d’identification, de qualification, pour répertorier les compétences clés disponibles dans les territoires.

Replacer l’homme au centre de la réflexion

Pour réussir la mutation, la montée en compétences des salariés de l’industrie sera essentielle. Là encore, les industriels l’ont bien compris. “Avec les experts du Cetim-Ctdec, nous réfléchissons ensemble à l’évolution des métiers et à la façon de les intégrer rapidement. Car il n’y a pas de temps à perdre ! D’ores et déjà, nous créons la Baud Academy pour recruter des jeunes et les former dans la durée”, confirme Lionel Baud. Et puis nous mettons en place un nouvel environnement de travail pour les salariés, avec salles de repos, de méditation... Car l’usine du futur, ce sont des équipements plus intelligents, des hommes et des femmes plus qualifiés, et des lieux de travail plus agréables pour s’adapter aux aspirations des salariés. Nous sommes au cœur de cette transformation globale”, avance-t-il. Chez Arc Industries, Romain de Tellier défend aussi une entreprise “où il y a de la place pour tous. Les usines robotisées sans employés ne me font pas rêver. Mais permettre à chacun d’être au mieux de ses compétences, en supprimant les tâches pénibles, est un objectif atteignable, y compris en PME”.

Revoir les dispositifs de formation

Le défi n’en est pas moins considérable. “L’arrivée du 4.0 dans l’industrie, les services et le commerce nécessite de revoir et de faire évoluer non seulement la production, mais aussi les fonctions supports dont le management lié à la gestion des compétences. J’évoque non seulement des nouveaux métiers, mais aussi des métiers existants qui sont impactés par la continuité numérique, l’utilisation des systèmes communicants, le recours à la réalité virtuelle ou augmentée…”, trace Jean-Pierre Girard, président de la commission Formation. “La formation initiale comme la formation continue tout au long de vie doivent se transformer. La solution réside dans des partenariats forts entre les entreprises et les établissements de formation initiale ou continue, comme avec les centres de formation des apprentis (CFA), qui pourront délivrer des formations certifiantes ou diplômantes, elles-mêmes revues et adaptées. C’est ce vers quoi le réseau consulaire, avec ses outils et ses partenaires formation, souhaite tendre pour accompagner l’entreprise dans ce challenge économique.” Pour Jean-Claude Perot, président du groupe Metis, également vice-président en charge de l’industrie, de l’innovation, de l’attractivité territoriale auprès de la CCI Allier, la tâche, immense, est exaltante : “Notre pays a trop longtemps pleuré sur son industrie. Au début, notre entreprise de robotique, dans l’Allier, était perçue comme une martienne. Maintenant, grâce aux perspectives ouvertes et aux emplois créés, il en va tout autrement ! Nous avons un vrai rôle sociétal à jouer, en ouvrant nos entreprises 4.0 aux jeunes, en montrant qu’il y a de l’espoir et qu’il est possible d’exporter depuis la France dans ces nouveaux domaines !”
E. Ballery

A savoir

Cette “4e révolution” représente un défi de modernisation et de pérennisation de l’outil industriel.

La volonté du réseau des CCI est de contribuer pleinement au renouveau industriel de la région.

Une 4e révolution industrielle en cours

L’Industrie du futur fédère sous une même bannière plusieurs évolutions technologiques, parfois reliées entre elles mais pas toujours, et qui se déroulent en simultané : capteurs et objets connectés, impression additive, réalité augmentée, Big data, robot ou cobot... Toutes ces briques ont une spécificité : elles permettent d’envisager une flexibilité totale de la production, donc de passer d’une ère de production de masse à celle de l’individualisation des produits et services, sans surcoûts majeurs. L’Industrie du futur se caractérise aussi par la digitalisation complète de la chaîne de production, voire de la chaîne de valeur, avec les entreprises partenaires. L’usine “intelligente” rend enfin possible le modèle le plus abouti de l’économie de la fonctionnalité – promouvant l’usage du produit et non sa propriété – avec toutes les ruptures que cela suppose en termes de business model et de transformation des chaînes de valeur ajoutée.

 

Recenser toute l’offre régionale pour mieux l’exporter !

Une initiative clé a été adoptée par la CCI de Région Auvergne-Rhône-Alpes, avec la Direccte, Business France, l’Udimeraa et la FIM. Il s’agit de la démarche “Auvergne-Rhône-Alpes, région de solutions pour l’Industrie du futur”. La première étape a consisté à qualifier les caractéristiques de l’offre en région. “Avec 600 établissements recensés sur toutes les composantes de l’Industrie du futur, l’inventaire confirme la très grande richesse du tissu économique, formé de grands groupes, d’ETI, de PME et de nombreuses startup”, souligne Pierre Berat, directeur de l’information économique à la CCI de Région. Les premiers résultats ont été présentés dans une publication de la CCIR en décembre 2016. Cette initiative pionnière, élargie à d’autres régions, est actuellement portée par CCI France et l’Alliance Industrie du futur. Un répertoire national complet de l’offre, consultable en ligne et constamment réactualisé par les CCI en région, sera officiellement lancé en fin d’année. Tous les offreurs de solutions pourront prochainement se faire connaître ou référencer sur le site de l’Alliance Industrie du futur : www.industrie-dufutur.org

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