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Services - Accueil - Aménagement — Le 6 février 2024

Des espaces de travail en réinvention perpétuelle

Comme la communication interpersonnelle s’est libérée sous l’impulsion du digital et des réseaux sociaux, l’organisation au travail suit finalement le même modèle. On réaménage les bureaux pour stimuler les interactions, décloisonner les échanges, réaffirmer ses engagements… Et pour s’adapter à des changements de plus en plus rapides. L’humain en sort gagnant, la création de valeur aussi.

© Adobestock

« Nous vivons une période qui voit naître de nouveaux standards d’espaces de travail », souligne Quentin Nier. Le dirigeant d’Habilis à Grenoble, spécialiste de l’aménagement professionnel clé en main, replace son constat dans une perspective historique. « De la révolution industrielle jusqu’au milieu des années 2010, les bureaux n’avaient pas tant changé que ça : leurs fonctions étaient d’abord de produire et ensuite de se réunir. » Le Covid a précipité la fin du modèle de management hiérarchique et standardisé, que le digital avait commencé à remettre en cause. « Nous avons alors vu surgir des espaces hybrides mixant travail et vie sociale avant de craindre un retour en arrière, mais les salariés, favorables à plus d’espaces collaboratifs, ont eu le dernier mot.

L’expérience de collaboration proposée par les entreprises doit désormais être réfléchie, au même titre que n’importe quelle décision stratégique », défend Quentin Nier.

Renforcer la convivialité

Regardant de l’autre côté de l’Atlantique, les experts estiment que demain les entreprises françaises dédieront elles aussi plus de la moitié de leur superficie au collaboratif. Les dirigeants montrent un intérêt croissant aux enjeux de socialisation et de créativité en équipe : « Ils franchissent le pas, certains avec plus de conviction que d’autres, craignant un frein à l’engagement individuel ou convaincus au contraire d’une meilleure adhésion des salariés, observe Quentin Nier. Du coup, on voit aussi les espaces de travail se transformer, jusqu’à reprendre parfois les codes de l’hôtellerie ou du retail. »

À l’heure du flex office et du télétravail, l’optimisation des espaces ne consiste donc pas forcément à tout réduire, mais plutôt à renforcer la convivialité et l’informel. Ne serait-ce que pour rester attractif : c’est ce que défend Korus, spécialiste des espaces professionnels à La Murette (plus de 500 réalisations par an, en France et à l’étranger) pour qui « les entreprises sont amenées à concevoir des espaces où il fait bon venir… et revenir ». Des espaces où la lumière a aussi son mot à dire. « Les dirigeants s’en préoccupent, pour améliorer le bien-être tout en réalisant des économies d’énergie », note ainsi Cyril Jacquillard, responsable de projet chez Sylvania, expert national des solutions globales d’éclairage. Les technologies viennent au secours de l’équilibre et de l’harmonie, gages d’une meilleure implication : « Nos solutions permettent de recréer le spectre naturel du soleil et d’adapter la lumière au rythme circadien tout au long de la journée de travail, par exemple. »

L’ouverture vers les autres

Si le bureau individuel classique résiste encore, c’est « principalement pour des raisons de confidentialité », selon Stéphane Sahaguian, dirigeant de Ferrier Associés, promoteur-constructeur immobilier implanté à Échirolles, avec une forte activité dans le secteur tertiaire. Certaines entreprises ont choisi leur abandon pur et dur pour préférer des bureaux prévus pour trois à quatre personnes. « Ces entreprises optent pour des plateaux ouverts, flanqués de box pour répondre à un coup de fil ou se concentrer. »

De nombreux dirigeants anticipent aussi dans leurs choix d’espaces les évolutions à moyen et long termes de l’organisation au travail. La réduction des mètres carrés de bureaux va de pair avec l’agrandissement des espaces collectifs de détente et de restauration. « C’est désormais le critère numéro un des salariés, insiste Stéphane Sahaguian, suivi de la qualité des espaces extérieurs et notamment des rooftops pour les pauses. » En 2021, une étude de CYD, expert en bien-être au travail, précisait que 73 % des collaborateurs souhaitent des espaces extérieurs pour se détendre ou même travailler. Traduction concrète à Montbonnot-Saint-Martin dans le récent bâtiment Les Terrasses qui, comme son nom l’indique, s’est vu doté, à chaque niveau, de terrasses en parties communes par Ferrier Associés. À l’intérieur, la performance énergétique entre également en ligne de compte. Si les dirigeants cherchent à maîtriser les coûts de consommation d’une électricité de plus en plus chère, les collaborateurs sont aussi sensibilisés à leur propre empreinte carbone. « Les jeunes en particulier, qui veulent trouver du sens dans leur travail, de manière cohérente avec leurs engagements personnels, précise Stéphane Sahaguian. C’est pourquoi tous nos bâtiments proposés depuis trois ans sont labellisés Passivhaus, à très haut niveau de confort, de qualité de l’air et d’économies d’énergie. »

Répondre aux évolutions managériales

Les murs de l’entreprise peuvent-ils alors épouser les contours de nos vies en dehors du travail ? Mathieu Genty y croit. Lui qui créait il y a 11 ans Cowork In Grenoble, espace de coworking et de bureaux partagés, porte maintenant le projet Minimistan, qui veut « accompagner les nouvelles façons de travailler, d’apprendre et de vivre », de plus en plus intimement liées selon lui. « Minimistan, c’est un lieu in-fini, en deux mots, au sens où il est amené à évoluer en permanence, pour s’adapter aux nouvelles envies », explique-t-il. Ici entre les vieilles pierres du couvent des Minimes à Grenoble, la moitié des 4 000 m2 sont réservés au travail. Les entreprises trouvent des bureaux ajustés non seulement à leur croissance, mais aussi à la diversité croissante des cultures managériales. « Une entreprise peut très bien louer un bureau et dix places de coworking, où les collaborateurs s’installeront à leur guise en fonction de leurs affinités réelles. Cela évite l’entre-soi et favorise l’enrichissement culturel, par le croisement avec des salariés d’autres entreprises. »

Tout a été imaginé pour l’épanouissement des équipes, avec, dans un même lieu, un café, un restaurant, des espaces collaboratifs, de larges couloirs pour se rencontrer, une grande salle de séminaire, une vaste cour arborée et même des chambres.

Privilégiant l’immersion complète, teintée d’hédonisme, Minimistan fait aussi de la modularité son cheval de bataille. « Nous appliquons le concept du bureau élastique, particulièrement prisé par les start-up : elles arrivent à deux associés, sont une trentaine un an plus tard et peuvent rétrécir à cinq ou six l’année suivante… Elles doivent être en mesure de trouver le format adapté, sans rester prisonnières d’un lieu trop petit ou soudain trop grand et donc trop cher », détaille Mathieu Genty.

Modularité et simplicité

Ces bureaux à géométrie variable pourraient même s’effacer sous l’effet de la réversibilité, une notion introduite depuis quelques années au sein des collectivités urbaines, en recherche d’optimisation foncière. « Les investisseurs institutionnels se posent aujourd’hui la question du cycle de vie des bâtiments qu’ils font construire. Ils souhaitent que les opérateurs favorisent dès la conception la mixité des usages : que les bureaux deviennent des logements par la suite ou vice versa », pointe Stéphane Sahaguian. Engagée pour lutter contre l’obsolescence urbaine, cette réversibilité obéit à des principes constructifs stricts.

Le phénomène de sous-location vient aussi bouleverser le paysage de l’immobilier d’affaires : des entreprises de taille réduite, mais appelées à croître, sont en quête d’espaces temporaires que d’autres entreprises consentiraient à leur louer. D’où un surdimensionnement des superficies dès l’origine du projet. D’autres tendances s’inversent.

Il y a encore cinq ou six ans, on vantait le bâtiment bardé de technologies. S’est présentée assez tôt une double problématique de maintenance coûteuse et d’appropriation délicate par les usagers : « On revient à des bâtiments performants dotés d’une technologie plus simple à faire fonctionner, où les occupants peuvent facilement régler les luminaires, les stores et le chauffage. La performance environnementale d’un bâtiment ne se mesure pas seulement à sa consommation énergétique, mais aussi à son entretien », observe Stéphane Sahaguian. L’heure serait même au bâtiment « low-tech », pensé comme un lieu de vie douillet et confortable plutôt qu’en machine aussi parfaite que compliquée. L’entreprise du XXIe siècle ? Plus que jamais sous le signe de l’humain.

R. Gonzalez

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